Un journaliste russe, Mikhaïl Beketov, mutilé en 2008 dans une sauvage agression alors qu'il était engagé contre le chantier controversé d'une autoroute à Khimki, a été condamné mercredi pour diffamation à l'encontre du maire de cette banlieue de Moscou, ont rapporté les agences.

M. Beketov a été condamné à une amende de 5000 roubles (164$) mais il ne devra pas la verser, les faits étant prescrits.

Violemment agressé en novembre 2008, il avait passé plusieurs mois dans le coma, et a été amputé d'une jambe et de plusieurs doigts.

Ses agresseurs n'ont jamais été retrouvés.

Il ne peut ni marcher ni parler, et a dû être amené en ambulance au tribunal où il était accompagné de médecins, selon le quotidien Kommersant.

«Nous considérons que cette condamnation est un crachat à la figure de notre mouvement», a déclaré à l'AFP Evguenia Tchirikova, leader du mouvement de riverains, d'écologistes et d'opposants russes qui combat depuis plusieurs années le projet d'autoroute.

Les partisans du journaliste ont lié l'attaque dont il a été victime en 2008 à son engagement contre le chantier de cette autoroute Moscou-St-Pétersbourg, dont le tracé devrait entraîner la destruction d'une forêt à Khimki.

La condamnation de M. Beketov survient alors qu'un journaliste du journal Kommersant, Oleg Kachine, qui couvrait notamment le dossier de ce chantier controversé, a été violemment agressé vendredi et reste plongé dans un coma artificiel.

La veille, un autre militant engagé contre ce chantier, Konstantin Fetissov, responsable de la branche locale du parti d'opposition Cause juste, a été grièvement blessé lors d'un passage à tabac à coups de batte de base-ball. Il a également dû être plongé dans un coma artificiel.

Le projet, dans lequel les opposants dénoncent des schémas de corruption et un cas emblématique de la primauté en Russie d'intérêts privés sur le droit, a suscité une mobilisation croissante ces derniers mois, contraignant le président Dimitri Medvedev à en suspendre la réalisation fin août.

Mikhaïl Beketov, qui dirigeait le journal local Pravda de Khimki, a accusé le maire de cette localité, Vladimir Streltchenko, d'être le «commanditaire d'une terreur politique» après plusieurs action d'intimidation contre les opposants au chantier.

M. Streltchenko a jugé cette déclaration diffamatoire et a saisi la justice. Ses services se sont félicités mercredi d'une décision «juridiquement fondée».

Un avocat de Mikhaïl Beketov, Stanislav Markelov, a été assassiné à Moscou en janvier 2009. Deux militants d'extrême-droite ont été arrêtés pour ce meurtre.

La mairie de Khimki a affirmé  que l'agression contre M. Kachine ne «devait pas être liée à l'histoire de la forêt de Khimki», ajoutant que le maire de la ville, M. Streltchenko était «prêt» à collaborer avec les enquêteurs.