Policiers et militants antinucléaires se sont heurtés violemment dimanche dans le nord de l'Allemagne à l'approche d'un train de déchets radioactifs venu de France.

La police est intervenue avec des matraques et des gaz lacrymogènes contre quelque 250 personnes qui cherchaient à retirer le ballast de la voie ferrée que devrait emprunter le convoi près de Metzingen, à une trentaine de kilomètres de sa destination finale, le centre de stockage de Gorleben.

Les militants ont attaqué les policiers à l'aide de fusées éclairantes, a indiqué un porte-parole de la police Markus Scharf.

La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau contre les manifestants, a affirmé Christoph Kleine, porte-parole d'un des groupes de manifestants. «Toute la forêt aux alentours de la voie ferrée est remplie d'un brouillard de gaz lacrymogène», a-t-il ajouté.

Parti vendredi de France, où les déchets ont été traités dans une usine du  groupe nucléaire Areva, le convoi que les écologistes présentent comme le «plus radioactif qui ait jamais eu lieu» est entré en Allemagne samedi. Les militants des deux pays ont multiplié les opérations pour le retarder, s'enchaînant sur les voies ou se laissant descendre en rappel depuis un pont au dessus des voies.

Le mouvement antinucléaire redouble de vigueur en Allemagne depuis que la chancelière Angela Merkel a décidé cette année de prolonger la durée de vie des centrales, que son prédécesseur avait décidé de fermer en 2020.

Plus de 16 000 policiers allemands ont été mobilisés pour protéger le convoi.

Les containeurs de déchets doivent être transbordés du train sur des camions pour les derniers 20 km du parcours jusqu'à Gorleben. Militants et policiers prévoient une multiplication des actions de harcèlement sur ce dernier tronçon.

Samedi, une vaste manifestation a réuni jusqu'à 50 000 personnes, selon les organisateurs -au moins 20 000 selon la police- dans une ambiance de kermesse à Danneberg, à proximité du centre de Gorleben.

Venus en voiture, en autobus et par centaines en tracteurs, les militants se sont retrouvés sous une forêt de drapeaux et de pancartes pour protester contre ce 12e rapatriement de déchets nucléaires depuis 1995 et contre la politique nucléaire du gouvernement conservateur-libéraux.

C'est la plus forte mobilisation jamais vue lors d'un convoi de déchets. «Nos estimations les plus optimistes sont dépassées», s'est réjoui samedi Jochen Stay, porte-parole de l'association antinucléaire Ausgestrahlt (Irradié).

«La volonté du peuple n'a pas été entendue», renchérissait Martin Schumacher, 28 ans, programmateur informatique à Berlin, qui a décidé de retirer du ballast sous les rails. «Je sais que je peux être arrêté, mais c'est le genre de risques qu'il faut savoir prendre», dit-il.

Traumatisée par la catastrophe de Tchernobyl en 1986 en Ukraine, la population allemande est en majorité opposée à l'énergie nucléaire.

Les Verts et les sociaux-démocrates du chancelier Gerhard Schröder (1998-2005) avaient décidé de fermer la totalité des 17 centrales du pays d'ici 2020. Mme Merkel a décidé de prolonger la vie des centrales jusqu'à ce que les énergies renouvelables puissent prendre le relais du nucléaire.