L'Otan, très engagée en Afghanistan, a annoncé vendredi qu'elle allait diminuer quasiment de moitié ses troupes au Kosovo, jugeant que la situation y était assez calme en dépit d'une crise gouvernementale et de la perspective d'élections anticipées.

«L'Otan a décidé aujourd'hui d'adapter la présence de (sa force), la Kfor, au Kosovo» dont les effectifs, «au cours des prochains mois», «vont être progressivement réduits pour passer à environ 5000 soldats au total», a indiqué M. Rasmussen dans une «déclaration».

Alors que la Kfor déployait encore près de 14 000 militaires, l'Otan avait décidé en juin 2009 d'en ramener en trois étapes les effectifs à 2200. La première a été franchie en janvier dernier avec une réduction de 5000 hommes.

Depuis, les effectifs étaient passés «en dessous» de la barre des 10 000, a confirmé à l'AFP un porte-parole de l'Alliance atlantique, sans être en mesure de donner un chiffre officiel plus précis, le dernier -9900- remontant à février.

Les principaux contingents par ordre décroissant sont allemand, italien, américain et français.

Afin notamment de pouvoir envoyer des renforts en Afghanistan, certains des 32 pays, dont 25 de l'Otan, qui contribuent à la Kfor, comme la Slovaquie et la République tchèque par exemple, souhaitaient accélérer le retrait total ou partiel du Kosovo.

Une impatience que justifiait à leurs yeux la mise en place progressive, à compter de décembre 2008, de la mission européenne de justice et de police, Eulex.

Le lancement en 2009 d'une Force de sécurité kosovare (FSK), amenée à avoir des tâches pour l'essentiel de protection civile et qui a atteint en septembre sa «capacité opérationnelle initiale», n'a fait que renforcer leur volonté de se retirer.

D'autant que l'Otan a estimé elle-même que désormais les problèmes les plus sérieux au Kosovo étaient d'ordre «économique» ou «criminel».

Dans sa déclaration de vendredi où il fait état de «progrès de la stabilité», M. Rasmussen a considéré que «les conditions de sécurité au Kosovo continuent de s'améliorer» et qu'«il s'agit là d'une évolution positive, pas seulement pour le Kosovo mais pour l'ensemble de la région».

Il y a deux semaines, pourtant, le Kosovo a convoqué des élections anticipées pour le 13 février pour résoudre une crise politique provoquée par la démission du président Fatmir Sejdiu, leader de la Ligue démocratique du Kosovo.

La crise tombe à un très mauvais moment pour Pristina, qui devrait entamer des négociations avec la Serbie sous l'égide de l'UE.

En outre, début octobre, la Kfor avait dû renforcer, avec Eulex et la police kosovare, les mesures de sécurité dans le nord du territoire, où les tensions entre albanophones et Serbes restent vives.

La Kfor est chargée de la sécurité au Kosovo depuis la fin du conflit dans ce territoire en 1999, à la suite des bombardements de l'Otan visant à faire cesser les répressions auxquelles se livraient les forces serbes à l'encontre des séparatistes albanais.

L'indépendance du Kosovo, proclamée en février 2008, a été reconnue jusqu'à présent par 71 pays, dont les États-Unis et 22 des 27 pays de l'UE, mais pas encore par une majorité des pays de l'ONU.

La Serbie, soutenue par la Russie, continue notamment de s'y opposer.

Malgré cela, toujours selon M. Rasmussen, les représentants des pays de l'Otan à Bruxelles ont jugé que «les institutions locales» du Kosovo «sont de plus en plus capables d'assumer les tâches de sécurité» et que par conséquent la Kfor pouvait continuer à diminuer comme prévu pour ne plus n'avoir à terme qu'une «présence dissuasive».

Au terme de ce mouvement de retrait, des réserves «robustes» pourront être rapidement déployées en cas d'urgence, a encore rappelé M. Rasmussen.