La pression montait mardi en Suède sur les partis de gauche sollicités par Fredrik Reinfeldt, à la tête de l'alliance de droite vainqueur minoritaire des législatives, pour former une majorité et s'affranchir de l'influence des députés d'extrême droite.

«La responsabilité de rendre la Suède gouvernable au cours de la prochaine législature repose également sur l'opposition», a écrit le quotidien de référence Dagens Nyheter.

«Avec un parti xénophobe au Parlement, il faut se montrer ouvert à des négociations transidéologiques. Il faut qu'il soit possible de gouverner la Suède, y compris si le gouvernement n'a pas de majorité claire», ajoute l'éditorialiste du journal.

L'alliance de centre-droit sortante (modérés, centre, chrétiens-démocrates, libéraux) a échoué à trois sièges de la majorité absolue au Parlement à l'issue des législatives de dimanche. Le premier ministre a réaffirmé son refus net de négocier avec les Démocrates de Suède (SD), le parti anti-immigration qui a fait son entrée au Riksdag.

Le chef du gouvernement sortant a déjà affirmé qu'il tenterait de s'allier les Verts, devenus troisième force nationale, mais la direction des écologistes, qui a fait toute la campagne avec le bloc de gauche, s'est montrée jusque-là évasive quant à la possibilité d'une alliance avec des adversaires tant décriés ces dernières semaines.

«Il n'est pas facile pour un parti comme les Verts de changer de camp», explique un politologue de l'université de Stockholm, Tommy Möller.

D'ailleurs, les Verts ont appelé M. Reinfeldt à négocier avec l'ensemble des partis de gauche représentés au Parlement.

Le premier ministre a laissé entendre que, sur certains sujets au moins, il pourrait éventuellement coopérer avec les sociaux-démocrates qui dominent largement la scène politique depuis 80 ans et qui, malgré un résultat en baisse dimanche, demeurent le premier parti suédois.

«Il y a plusieurs sujets sur lesquels le centre-droit et les sociaux-démocrates sont en général d'accord», a reconnu M. Reinfeldt lundi.

Jusque-là, il n'a pas officiellement contacté l'opposition car il attend mercredi et les résultats définitifs prenant en compte les quelque 50 000 à 100 000 votes des Suédois de l'étranger.

Il faudrait à l'Alliance de centre-droit environ 7 000 suffrages supplémentaires pour s'assurer une majorité absolue qui rendrait caducs les pourparlers avec l'opposition.

«Si les votes tardifs tendent dans un certain sens, théoriquement au moins, (l'opposition) sociale-démocrate pourrait perdre trois sièges», explique un mathématicien de l'Institut royal de technologie de Stockholm, Svante Linusson.

«Cela pourrait se produire, ce n'est pas impossible», a-t-il confirmé à l'AFP.

Mais si l'équilibre n'est pas modifié par le décompte de mercredi, le scénario le plus probable sera celui d'un «gouvernement minoritaire dirigé par M. Reinfeldt qui recherchera le soutien de différents partis à diverses occasions, y compris des sociaux-démocrates et des Verts», selon M. Möller.

Une telle situation n'inquiète pas le politologue: «Nous avons une tradition de gouvernements minoritaires en Suède».

Néanmoins, compte tenu du fait que «les Démocrates de Suède sont plus proches de la gauche sur certaines questions (comme le retrait des troupes d'Afghanistan, NDLR) et qu'ils voudront mettre leur poids dans la balance», il arrivera que le gouvernement soit mis en difficulté.

«L'autorité du gouvernement pourra être affaiblie, mais je ne pense pas qu'il sera obligé de démissionner juste parce qu'il perd un vote ou deux» ici ou là, a conclu M. Möller.