Au moins trois personnes ont été tuées et une trentaine blessées dans la nuit de samedi à dimanche dans un attentat suicide contre une base au Daguestan, dans le Caucase russe instable où la sécurité de toutes les installations militaires a été renforcée.

Une voiture piégée a explosé devant une base militaire utilisée par l'unité des fusiliers-motocyclistes stationnée à Dalniï près de la ville de Bouïnaksk, à une quarantaine de kilomètres de Makhatchkala, la capitale du Daguestan.

«Trois militaires ont été tués et 34 blessés», a déclaré dans un communiqué le comité d'enquête auprès du parquet russe, qui a ouvert une information pour «acte terroriste».

Des sources au sein des forces de l'ordre avaient dans un premier temps fait état de cinq morts et d'au moins 35 blessés.

La puissance de la déflagration était équivalente à environ 100 kilos de TNT et l'explosion a fait un cratère de trois mètres de diamètre, a déclaré un responsable des forces de l'ordre locales, cité par l'agence RIA Novosti.

Selon des experts cités par les médias russes, le bilan aurait pu atteindre des dizaines de morts si le kamikaze avait réussi à pénétrer dans le camp de tentes où dormaient les militaires.

Le ministre russe de la Défense Anatoli Serdioukov a ordonné de renforcer la protection des installations militaires dans le Caucase russe et s'est rendu sur place dimanche en début d'après-midi.

«Sur ordre du ministre, les effectifs et le régime de protection des sites militaires ont été renforcés» dans le Caucase, a déclaré Alexeï Kouznetsov, porte-parole du ministère de la Défense cité par les agences russes.

L'attentat a eu lieu dimanche à 00h55 heure locale (16h55 samedi, heure de Montréal), selon le parquet. Les militaires avaient repéré la voiture du kamikaze et bloqué l'entrée du camp avec un camion, selon M. Kouznetsov.

«Après plusieurs tirs de sommation, les sentinelles ont ouvert le feu sur le kamikaze» et l'ont tué, a-t-il expliqué. «La voiture s'est écrasée contre le camion avant d'exploser» mais la déflagration s'est produite «à l'extrémité du camp, sinon le bilan des morts aurait été beaucoup plus lourd».

Selon un responsable des forces de l'ordre locales, une deuxième explosion est survenue peu après sur une autoroute où devait passer une voiture de police dépêchée sur les lieux, sans faire de victimes.

Par ailleurs, une personne a été tuée et une autre blessée dimanche par une explosion dans un immeuble d'habitations de la banlieue de Makhatchkala. «Un fusil et un pistolet ont été retrouvés» sur place, a indiqué la police daguestanaise citée par l'agence Interfax.

Le Daguestan, république voisine de la Tchétchénie, est en proie à une rébellion armée islamiste qui mine tout le Caucase russe. Les violences y sont quotidiennes en dépit de mesures de stabilisation prises, les combattants rebelles visant en particulier les représentants des autorités et des forces de l'ordre.

Samedi, le ministre régional chargé des affaires nationales et religieuses, Bekmourza Bekmourzaïev, a été blessé et le chauffeur de son véhicule tué dans un attentat à la bombe au Daguestan.

Un policier des forces spéciales a été tué mercredi à Makhatchkala.

En Kabardino-Balkarie, une autre république du Caucase, un inconnu a tiré sur quatre policiers qui voulaient contrôler ses papiers, tuant l'un d'eux. Il a aussi jeté sur eux une bombe artisanale qui a pu être désamorcée, a rapporté l'agence Interfax en citant des sources au sein des forces de l'ordre.

Il y a tout juste onze ans, le 4 septembre 1999, un attentat meurtrier s'était produit à Bouïnaksk. Soixante-huit personnes avaient alors été tuées et plus de 150 autres blessées dans un attentat à la voiture piégée contre un immeuble occupé par des familles de militaires.