Victoire laborieuse pour le candidat de la chancelière allemande Angela Merkel: le chrétien-démocrate Christian Wulff (CDU) a été élu président après trois tours de scrutin et le retrait du candidat du parti de la Gauche. Cette élection difficile révèle la fragilité du gouvernement de coalition de Mme Merkel arrivé au pouvoir en octobre dernier.

Le ministre-président de Basse-Saxe, 51 ans, a été élu mercredi par 625 voix contre 494 pour le candidat de l'opposition sociale-démocrate Joachim Gauck, lors d'une assemblée spéciale de 1 244 membres, composée de parlementaires fédéraux et de représentants nommés par les Lander. Cent-vingt-et-un délégués, principalement du parti de la Gauche, se sont par ailleurs abstenus. Christian Wulff est arrivé en tête à chaque tour de ce scrutin secret mais n'obtenait pas la majorité absolue requise pour les deux premiers tours, car certains membres de la coalition Merkel ont fini par soutenir son opposant. Il n'avait besoin que d'une majorité simple au troisième tour, même si la coalition a fini par se ressouder pour lui apporter finalement la majorité absolue, et éviter un cinglant désaveu à Mme Merkel. Mais 19 membres de la coalition chrétiens démocrates (CDU) et libéraux (FDP) n'ont pas voté pour M. Wulff.

La chancelière allemande a écarté toute fragilisation de sa coalition: «Ce qui compte c'est que nous avons désormais un nouveau président, et que le président a été élu avec une majorité absolue», a-t-elle souligné dans un bref communiqué. «Christian Wulff va être un merveilleux représentant pour ce pays».

Christian Wulff, avocat et homme politique de carrière à l'image lisse, s'est également montré optimiste à l'issue de son élection. «Il me tarde de prendre cette fonction de responsabilité».

Mais la fronde apparue durant le scrutin au sein de la coalition risque de laisser des traces. La coalition d'Angela Merkel, en difficulté depuis son entrée en fonction à l'automne dernier, espérait pouvoir donner une image d'unité à l'occasion de l'élection du président, dont les fonctions sont essentiellement honorifiques. Des querelles constantes sur la politique et la crise de la dette au sein de la zone euro ont contraint la coalition à prendre des mesures d'austérité et à approuver des plans de sauvetage impopulaires pour ses partenaires européens.

Wolfgang Bosbach, député et figure de proue du CDU, a regretté que la coalition n'ait pas montré l'unité «qui l'aurait significativement stabilisée». Mais «peut-être qu'un ou deux personnes voulaient envoyer un signal politique à la direction» des partis membres de l'alliance.

Christian Wulff, qui va démissionner de ses fonctions de ministre-président de Basse-Saxe, succède à Horst Kohler, nommé en 2004, qui a démissionné le 31 mai à la suite d'une polémique suscitée par des propos qu'il avait tenus sur le rôle de l'armée allemande à l'étranger.

Nicolas Sarkozy a adressé ses «plus chaleureuses félicitations» et exprimé ses «voeux de succès» au président élu dans une lettre rendue publique jeudi soir par l'Elysée.

«Je me réjouis de la perspective de travailler avec vous au rapprochement toujours plus étroit de nos deux pays, dans l'esprit du chemin parcouru au cours des soixante dernières années», souligne le président français qui dit espérer accueillir ôôprochainement» M. Wulff à Paris.

«Nous l'avons montré face à la crise: lorsque nos deux pays parlent d'une même voix, leur capacité d'entraînement permet d'engager les réformes cruciales pour l'avenir de nos économies, de nos sociétés et de l'Union européenne», ajoute Nicolas Sarkozy, soulignant la «contribution exceptionnelle» apportée par Berlin et Paris à «l'approfondissement de l'union de notre continent».