Le ministre belge de la Justice a défendu dimanche les perquisitions policières effectuées cette semaine au siège de l'Eglise catholique du pays dans le cadre d'une enquête sur des actes pédophiles présumés, jugeant «un peu excessives» les critiques du Vatican.

«Il ne faut pas en faire un incident diplomatique. Les évêques (présents) ont été normalement traités lors de la perquisition», a déclaré Stefaan De Clerck, lors d'une émission sur la chaîne de télévision publique RTBF.

«Il est faux de dire qu'ils n'ont rien reçu à boire ou à manger», a ajouté à propos des évêques le ministre, qualifiant d'«un peu excessifs» les propos du Vatican. Le ministre réagissait principalement aux critiques exprimées la veille par le numéro 2 du Vatican, Tarcisio Bertone.

M. De Clerck s'est exprimé avant que le pape Benoît XVI ne critique dimanche les perquisitions effectuées «avec certaines modalités surprenantes et déplorables», selon le souverain pontife, dans des locaux de l'archidiocèse de Malines-Bruxelles, alors que des évêques belges et un représentant du pape s'y trouvaient.

Tarcisio Bertone avait dénoncé «une séquestration» des évêques qui seraient «restés neuf heures sans boire ni manger». Il avait comparé l'opération aux pratiques des «vieux régimes communistes».

Le porte-parole de l'archidiocèse de Malines-Bruxelles, siège de l'Eglise catholique de Belgique, Eric De Beukelaer, a donné raison au ministre belge de la Justice et suggéré que le numéro 2 du Vatican s'était un peu emporté. Les attaques de M. Bertone sont un «commentaire personnel fait sous le coup de l'émotion», a-t-il dit sur la RTBF. Il a confirmé que les évêques retenus pendant la perquisition avaient bel et bien reçu à manger et à boire et qu'ils avaient été bien traités.

L'Eglise belge s'est dite aussi outrée par la «violation» dans la crypte de la cathédrale de Malines de deux tombes archiépiscopales, forées par la police qui pensait y trouver des documents dissimulés portant sur des actes de pédophilie commis par des prêtres.

Les perquisitions ont été réalisées dans le cadre d'une enquête visant à montrer si la hiérarchie de l'Eglise catholique locale a ou non cherché à étouffer dans le passé certaines affaires de pédophilie impliquant des ecclésiastiques.

Le ministre belge les a justifiées sur le fond, soulignant qu'il n'avait pas été surpris. Il a dans le même temps rappelé que le juge d'instruction à l'origine des perquisitions agissait de manière indépendante.

Il a aussi défendu la saisie par la justice des dossiers d'une commission mise sur pied par l'épiscopat belge pour traiter de plaintes sur des actes pédophiles impliquant des ecclésiastiques.

«Cette commission prenait son temps, peut-être trop de temps pour s'organiser», a critiqué M. De Clerk. Il a invité l'Eglise à faire un travail approfondi d'examen en interne pour faire toute la lumière sur le phénomène «grave» de la pédophilie.

Le porte-parole de l'Eglise catholique belge a contesté les soupçons de la justice. Imaginer que l'Eglise dissimule des dossiers compromettants dans des caches comme des sépultures d'anciens primats de Belgique «a beaucoup choqué à l'étranger et est un peu humiliant pour l'Eglise», a-t-il dit.

«Pour qui nous prend-on ? On peut se poser des questions. Est-ce que tout cela était nécessaire?», s'est-il interrogé.