Appelés à élire leurs députés samedi, les Slovaques pourraient sanctionner lors de ce scrutin la coalition au pouvoir depuis 2006, menée par le parti de gauche Smer-SD du premier ministre Robert Fico, fragilisée par des scandales et une hausse rapide de l'endettement.

Le Smer-SD de M. Fico est en tête des intentions de vote avec quelque 30%, mais les observateurs s'interrogent sur sa capacité à former une coalition.

En effet, ses deux partenaires de coalition, le LS-HZDS de l'ex-Premier ministre populiste Vladimir Meciar et le Parti national slovaque (SNS) du nationaliste Jan Slota ne sont pas assurés de franchir le seuil d'éligibilité de 5%.

Bien qu'assez impressionnant à première vue, le soutien manifesté au Smer-SD n'a cessé de fléchir : en janvier, ce parti bénéficiait encore entre 38 et 42% d'intentions de vote.

La position de M. Fico a été fragilisée par des soupçons de financement illégal de son parti, et un don controversé de 17 000 euros provenant des fonds d'urgence étatiques, à une championne de fitness locale.

«Les gens dans les régions frappées par les inondations sont fâchés par l'octroi d'une aide à un mannequin de fitness», a indiqué l'analyste Jan Baranek de l'institut de sondages Polis Slovakia.

Dans l'optique de la crise grecque, les électeurs slovaques se posent aussi des questions sur la viabilité de la politique sociale généreuse de M. Fico, lancée à l'époque où ce pays de 5,4 millions d'habitants affichait une croissance record (+10,4% en 2007, puis +6,4% en 2008).

Bien que l'économie slovaque ait connu en 2009 une contraction de 4,7% de son produit intérieur brut, le gouvernement de M. Fico n'a adopté aucune mesure d'austérité.

Se situant à environ 28% du PIB au moment de l'entrée du pays dans la zone euro le 1er janvier 2009, le niveau de l'endettement extérieur risque de grimper jusqu'à 41% du PIB à la fin de l'exercice 2010, selon des estimations.

«Le gouvernement est favorable aux avantages sociaux. Nous ne croyons pas aux scandales, inventés à coup sûr par l'opposition», ont affirmé à l'AFP les retraités Anna et Stefan, peu après avoir voté samedi matin pour le Smer-SD.

En revanche, les époux Edita et Eduard, âgés de 67 et 71 ans, ont voté pour la droite. «Nous espérons que les élections apporteront un changement», ont-ils confié.

Le parti de M. Fico est suivi dans les sondages par le principal parti d'opposition l'Union démocratique et chrétienne slovaque (SDKU-DS) dont le leader est la sociologue Iveta Radicova, et une autre formation d'opposition, les libéraux de «Liberté et Solidarité» (SaS) de Richard Sulik, crédités de quelque 12% chacun.

Ces deux formations mettent en exergue la nécessité d'un coup d'arrêt à l'endettement.

SDKU-DS et SaS espèrent pouvoir former une coalition de centre-droit, avec les chrétiens-démocrates (KDH) de l'ex-commissaire européen Jan Figel et deux partis de l'importante minorité hongroise (10% de la population), le SMK (Parti de la coalition hongroise) de Pal Csaky et Most-Hid («pont» dans les deux langues) de Bela Bugar.

Les tensions avec la Hongrie, historiques, ont représenté l'un des thèmes dominants de la campagne électorale.

«La carte hongroise est une arme forte, au moment où les politiciens ne savent pas quoi faire de l'économie», a déclaré à l'AFP Norbert Molnar, rédacteur en chef du journal de la minorité hongroise en Slovaquie, UjSzo.

Les premiers sondages effectués à la sortie des urnes devaient être disponibles dès la fermeture des bureaux de vote à 22H00 locales (20H00 GMT). Les résultats officiels sont attendus dimanche.