Les Suisses se prononcent dimanche par référendum sur la mise en place dans chacun des 26 cantons helvétiques des avocats chargés de défendre devant les tribunaux la cause des animaux victimes de mauvais traitements.

Alors que la législation suisse est l'une des plus protectrice des animaux au monde, cette fonction existe déjà depuis 1992, mais dans le seul canton de Zurich (nord), où elle est assumée par Me Antoine Goetschel.

L'institution d'un avocat des animaux serait «visionnaire et sage car cela donne une voix à l'animal victime dans la procédure criminelle», explique à l'AFP Me Goetschel, relevant des difficultés dans l'application de la loi particulièrement protectrice des animaux.

Au cours de ses 25 ans d'exercice dans ce domaine particulier du droit, l'avocat zurichois se souvient d'avoir eu à plaider des dossiers particulièrement lourds de cruauté envers des animaux. Comme celui d'un chat empalé sur une fourche par deux jeunes garçons ou des cas de zoophilie.

Il raconte avoir actuellement sur son bureau une cinquantaine de dossiers, dont celui d'un cheval frappé à mort au couteau une trentaine de fois.

Les organisations de défense de l'environnement ainsi que les partis socialiste et les Verts applaudissent l'initiative, mais le gouvernement, la majorité parlementaire et l'UDC (populiste de droite), le premier parti du pays, et les paysans y sont farouchement opposés.

«Cela va produire beaucoup trop de paperasse», se plaint le porte-parole du syndicat suisse des agriculteurs, M. Urs Schneider, pour qui cette loi supplémentaire serait «insensée».

Les animaux suisses sont en effet parmi les mieux protégés du monde par la loi. Elle stipule par exemple que les propriétaires de poissons rouges ne peuvent les jeter vivants dans les toilettes: ils doivent d'abord les tuer.

Les animaux «sociaux», comme les hamsters ou les perruches, doivent impérativement être accompagnés d'un partenaire. Même les moutons et les chèvres doivent avoir au moins «un contact visuel avec leurs congénères».

Mais ce luxe de précautions ne sert à rien si la loi ne peut être appliquée, font valoir Me Goetschel et le responsable de la société vaudoise de protection des animaux (SPA), M. Samuel Debrot.

«Nous avons une très bonne législation (...) mais malheureusement elle n'est pas appliquée avec la sévérité que nous souhaitons», déplore M. Debrot. Dans beaucoup de cas, les coupables sont remis en liberté ou sont punis par une faible amende sans aucun effet dissuasif, a-t-il expliqué à l'AFP.

Pour Me Goetschel, le fait d'avoir un avocat chargé de défendre la cause des animaux, payé par les cantons, allège le travail du procureur sans pour autant représenter une charge financière excessive pour la communauté.

Le canton de Zurich a ainsi versé en 2009 78.000 francs suisses (53.000 euros) à Me Goetschel et son assistant. Une somme que l'avocat des animaux estime sans commune mesure avec celle perçue pour des affaires n'impliquant que des humains.

Mais le vote populaire visant à faire de la Suisse un pionnier en matière de protection des animaux maltraités s'annonce serré. «Dans les petits cantons ruraux, le non devrait l'emporter. Mais dans les villes, c'est un sujet plus émotionnel», commente le représentant des agriculteurs Urs Schneider.

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