Les recherches se poursuivaient mardi à Madère pour tenter de retrouver d'éventuels disparus dans les intempéries qui ont fait officiellement 42 morts, pendant que les premières funérailles étaient organisées près de Funchal.

Lundi soir, le président du gouvernement régional Alberto Joao Jardim avait laissé peu d'espoir sur les chances de retrouver les corps des disparus, qui selon lui pourraient avoir été «emportés dans la mer» où, a-t-il dit, «il sera très difficile de les retrouver». À la mi-journée, la porte-parole du gouvernement régional Conceiçao Estudante a révisé à la baisse le nombre des disparus, désormais de 13, après que 19 personnes, dont on était sans nouvelles, eurent été localisées.

Elle a en revanche maintenu le bilan officiel de 42 morts, inchangé depuis dimanche, alors que de nombreux témoins, et notamment des photographes de presse, ont fait état lundi de la découverte de nouveaux cadavres, en particulier à Funchal, la capitale régionale.

«Cela n'aurait aucun sens de nier la découverte de nouveaux corps», a affirmé Mme Estudante, interrogée par les journalistes sur «certaines incohérences de chiffres» relevées par les médias locaux.

Dans plusieurs localités, les villageois commençaient mardi à enterrer leurs morts. À Santo Antonio, près de Funchal, des centaines de personnes s'étaient massées dans le cimetière où étaient inhumés trois membres d'une même famille, un enfant de cinq ans et ses parents, tués dans l'effondrement d'une grue sur le garage où il s'étaient réfugiés, samedi matin.

Pendant ce temps, les secours, aidés de plongeurs et de chiens, continuaient à rechercher d'éventuels corps sous des éboulements et dans les zones inondées, dans la capitale, mais aussi plus à l'ouest, à Camara de Lobos et Ribeira Brava.

L'inquiétude restait vive notamment autour du centre commercial d'Anadia à Funchal, où des témoins interrogés par l'AFP ont affirmé avoir vu des personnes entraînées dans le parking par les flots quand la rivière Joao Gomes est sortie de son lit.

Après avoir été suspendues une partie de la nuit pour «reposer le matériel et les hommes», les opérations de pompage ont repris à la mi-journée sans qu'aucun corps n'ait été trouvé, selon la porte-parole du gouvernement régional.

La marina de Funchal a également commencé à être fouillée par des pompiers et fusiliers marins embarqués à bord de canots semi-rigides.

Dans le centre commerçant de la ville, bulldozers et pelleteuses continuent de charrier les tonnes de gravats qui obstruent encore de nombreuses rues, notamment autour du principal marché, toujours fermé. Des engins lourds s'activent également pour désengorger les trois rivières canalisées qui traversent la ville et sont encombrées d'énormes blocs de pierres.

Plusieurs secteurs de la ville ont été «interdits aux services non prioritaires». Des voitures renversées sont encore visibles, des chats morts gisent, la gueule pleine de boue.

La «marginale» qui longe le front de mer de Funchal est elle aussi toujours couverte de boue arrivant par endroits à mi-cuisse, mais dans les ruelles adjacentes, cafés et boutiques ont rouvert, accueillant clients et livreurs.

Selon des sources officielles, la circulation devrait être entièrement rétablie dans la ville «d'ici à deux à trois jours».

Pour le gouvernement régional, la priorité est le rétablissement des services de base, plusieurs communes étant encore privées d'eau et d'électricité, notamment dans le centre et le sud de l'île, certaines restant isolées, en raison de l'effondrement de nombreuses routes et de ponts.

Pour l'instant, toute évaluation des dégâts est jugée «prématurée» par les autorités régionales, qui ont exclu de décréter «l'état de catastrophe», craignant des effets néfastes sur le tourisme, principale source de revenus de l'archipel.