L'extrême droite ne réussit pas à mobiliser les foules en Grèce contre la réforme du code de la nationalité. Seuls quelques centaines de manifestants se sont rassemblés samedi à Athènes pour protester contre le projet de loi du gouvernement socialiste qui entraînerait la naturalisation de plusieurs centaines de milliers de personnes.

En prévision d'incidents, la police avait mis en place un important dispositif de sécurité, d'autant que des groupes anarchistes et d'extrême gauche organisaient une contre-manifestation à proximité des opposants à la réforme.

Au total, la contre-manifestation a réuni plus de monde que la manifestation d'origine: quelque 800 militants anarchistes et d'extrême gauche ont défilé pour réclamer la régularisation de tous les immigrés en situation irrégulière dans le pays, tandis que les reporters présents ont comptabilisé un demi-millier de manifestants à l'appel de l'extrême droite.

Les opposants à la réforme gouvernementale se sont rassemblés dans le calme au pied des marches de l'ancien Parlement, dans le centre de la capitale, face à une banderole géante déployée sur les colonnes de l'édifice, affirmant haut et fort: «la nationalité n'est pas gratuite». Les manifestants brandissaient des drapeaux bleu et blanc aux couleurs de la Grèce.

Cette manifestation devait initialement se dérouler place Propylaïa, lieu également choisi par les anarchistes pour leur contre-manifestation mais, à la demande des autorités, les organisateurs ont accepté de la déplacer place Kolokotroni. La police voulait éviter que les deux groupes se fassent face sur la place.

De fait, des incidents ont éclaté entre la police anti-émeutes déployée en nombre dans le quartier de Propylaïa et des groupes de manifestants anarchistes, dont certains étaient casqués et armés de battes de baseball. Les forces de police ont eu recours à des tirs de grenades lacrymogènes pour disperser les individus les plus agités, selon un photographe de l'Associated Press présent sur place.

Les manifestants anarchistes et d'extrême gauche, qui entendaient également protester contre le racisme et la xénophobie, ont lancé des pierres et des fusées éclairantes sur les forces de sécurité, a rapporté la télévision publique grecque ERT.

Le problème de la régularisation des immigrés sans-papiers est récurrent en Grèce depuis des années. Dans le passé, certains de ces étrangers en situation irrégulière ont manifesté à Athènes pour réclamer les mêmes droits et la nationalité grecque pour les immigrés de la deuxième génération, nés et scolarisés dans le pays.

Le mois dernier, le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) s'était félicité de la décision du nouveau gouvernement de gauche de Georges Papandréou, arrivé au pouvoir lors des élections d'octobre dernier, de réformer le code de la nationalité, estimant que ce projet de loi contribuerait à lutter contre l'isolement des immigrés au sein de la société grecque.

Jusqu'à présent, la Grèce accordait au compte-goutte les naturalisations, les réservant souvent aux personnes de confession chrétienne orthodoxe, religion majoritaire dans le pays. Le HCR s'était élevé à plusieurs reprises contre le manque de droits des demandeurs d'asile dans ce pays.

Le nouveau projet de loi prévoit d'accorder la naturalisation aux immigrés de la deuxième génération, d'assouplir les règles de naturalisation pour la première génération et d'accorder le droit de vote aux élections locales aux étrangers en situation régulière.