Près de 100 000 ouvriers agricoles employés illégalement ont été découverts en 2009 lors d'inspections réalisées par les services de l'État italien, pour la quasi-totalité dans les régions du sud de la Péninsule, a rapporté samedi la quotidien Il Corriere della Sera.

Sur un total de 98 376 ouvriers agricoles rémunérés au noir découverts lors des contrôles de l'Institut national de la prévoyance sociale (INPS, équivalent des Urssaf françaises), 99% sont concentrés dans cinq régions du sud.

L'agriculture n'est pas le seul secteur de l'économie italienne affecté par ce type de travail payé de façon illégale: 79% des entreprises contrôlées par l'INPS sur le territoire italien employaient des travailleurs qui n'étaient pas en règle.

En terme de cotisations sociales, ces infractions représentent une évasion fiscale de 1,25 milliard d'euros, dont 295 millions pour le secteur agricole, selon des chiffres cités par Il Corriere della Sera. Entre les cotisations et les amendes, l'INPS a récupéré au total 1,50 milliard d'euros en 2009.

Selon un expert de la criminalité cité par le quotidien, Marzio Barbagli, «l'économie (italienne) a des caractéristiques structurelles qui favorisent l'immigration clandestine». «Elle est fondée sur le travail au noir (...) les normes existent, mais personne ne les fait respecter», déplore-t-il.

Selon lui, il faudrait «multiplier par 1 000 les contrôles et rendre plus sévères les peines contre les patrons qui exploitent les ouvriers».

La publication de cette enquête intervient alors qu'en janvier de violents affrontements entre des ouvriers agricoles africains, employés pour la plupart illégalement pour ramasser oranges et mandarines, et des habitants de la ville calabraise de Rosarno ont fait 31 blessés.

Le calme n'est revenu qu'avec l'évacuation de plus d'un millier d'immigrés.