La chancelière allemande Angela Merkel a tenu dimanche une réunion, qualifiée par la presse de «sommet de crise», avec ses partenaires de coalition pour tenter d'apaiser des querelles qui pèsent sur la popularité de son gouvernement conservateur-libéral.

La dirigeante de l'Union démocrate-chrétienne (CDU) a reçu pendant près de trois heures à la chancellerie les chefs des conservateurs bavarois (CSU), Horst Seehofer, et du Parti libéral (FDP), Guido Westerwelle, avec qui elle forme une coalition depuis sa victoire aux législatives du 27 septembre.

Depuis une semaine, les ténors de droite tentent de minimiser la portée de cette rencontre, affirmant à qui mieux mieux qu'il s'agit d'une «réunion de routine» dont il ne faut guère attendre de grandes décisions.

La rencontre s'est achevée sans déclarations, un porte-parole du FDP affirmant seulement qu'elle s'était déroulée «dans une très bonne atmosphère».

Mais les discordes au sein de la coalition ne cessent d'apparaître au grand jour, aggravées par quelques remarques acerbes même dans le camp conservateur sur le «style présidentiel» de la chancelière, par exemple.

Après des semaines de silence, Angela Merkel, dont la popularité est en chute, est d'ailleurs sortie de sa réserve pour lancer un rappel à l'ordre. «Je crois être quelqu'un qui est toujours là quand il y a des décisions à prendre. Et quand je les ai prises, je le fais savoir», a-t-elle martelé vendredi lors d'une conférence de presse.

Les motifs de tensions sont légion entre des partenaires qui ne gouvernent pourtant ensemble que depuis moins de trois mois.

Elles se cristallisent sur la question des baisses d'impôts. Alors que l'Allemagne a essuyé en 2009 la plus grave récession de l'après-guerre, avec un recul de 5% du produit intérieur brut, les libéraux ont fait de ce thème leur cheval de bataille. Mais les conservateurs ne cessent de mettre en avant l'aggravation des déficits pour prendre leurs distances avec leurs promesses électorales qui prévoyaient 24 milliards d'euros de baisses d'impôts.

Quant à la réforme des taux d'imposition, également chère au FDP, elle pourrait également ne pas avoir lieu au cours de la législature.

Les libéraux réclament le respect du contrat de coalition dans des escarmouches avec les conservateurs. Et après avoir insisté, eux-aussi, sur les baisses d'impôts, les conservateurs bavarois ont changé leur fusil d'épaule.

Compromis en vue? L'un des responsables du FDP et spécialiste des questions économiques, Hermann Otto Solms, a en tous les cas fait savoir dimanche avant la réunion qu'un report des baisses d'impôts de 2011 à 2012 serait acceptable.

Conservateurs et libéraux s'affrontent également sur d'autres points, dont l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, défendue ardemment par Guido Westerwelle, la stratégie en Afghanistan ou encore le futur musée pour commémorer les réfugiés de la IIe guerre mondiale.

Jusqu'ici extrêmement populaire, Angela Merkel, désignée à plusieurs reprises femme la plus puissante de la planète par le magazine Forbes, se voit reprocher son manque de poigne.

Selon le sondage Politbarometer publié vendredi, 52% des personnes interrogées estiment qu'elle devrait diriger plus fermement son cabinet. Et 61% estiment que le gouvernement conservateur-libéral entré en fonction début novembre a pris un «mauvais départ».

Les électeurs allemands sont d'autant plus critiques qu'Angela Merkel n'a eu de cesse de plaider pendant la campagne électorale pour une alliance avec le FDP afin de mettre un terme aux tensions inhérentes à la «grande coalition» avec les sociaux-démocrates, adversaires traditionnels des conservateurs, qu'elle a dirigée de 2005 et 2009.