Une soixantaine de personnes étaient toujours introuvables mercredi, deux jours après le spectaculaire accident qui a ravagé la plus grande centrale hydroélectrique de Russie. Les familles des disparus sont partagées entre indignation et désespoir.

Des équipes de plongeurs et des robots poursuivaient leurs recherches dans les eaux très froides de la centrale de Saïano Chouchenskaïa, dans la région de Khakassie (Sibérie), à environ 4300 kilomètres à l'est de Moscou, dans un dernier espoir de retrouver des ouvriers qui auraient survécu en se réfugiant dans des poches d'air. Le bilan s'élève à 14 morts, après la découverte de deux corps mercredi, a indiqué le ministère des Situations d'urgence. Un précédent bilan faisait état de 13 morts, tandis qu'une soixantaine de personnes sont toujours portées disparus.

«Nous recherchons des personnes vivantes. Nous écoutons les bruits», a déclaré Alexandre Kressan, chef de l'antenne locale de recherches au sein du ministère des Situations d'urgence. «Nous n'avons pas une minute de répit. J'ai une équipe de 16 plongeurs qui travaillent jour et nuit», a-t-il dit.

Cependant, des critiques s'élèvent contre la lenteur des autorités à communiquer des informations.

Des membres des familles de salariés portés disparus ont exigé des explications, au cours d'une réunion houleuse avec des représentants des autorités locales au centre culturel de Tcheriomouchki.

«Nous ne voulons pas de secrets. Si mon fils est mort, qu'on me le dise. J'étais à la morgue hier soir et on n'a rien voulu me dire», a protesté Viktor, un proche d'un disparu.

La femme d'un ouvrier a elle aussi exigé des éclaircissements. «Je sais que mon mari est toujours vivant. Il y a une poche d'air à l'endroit où il pourrait se trouver. Pourquoi n'avez-vous pas évacué l'eau là-bas?», a demandé Lena Petrovna.

Alors que les autorités, sous pression, tentent de montrer qu'elles contrôlent la situation, le ministre des Situations d'urgence, Sergueï Choïgou, s'est défendu de faire de la rétention d'informations.

Lundi, «il y a eu un flot constant d'informations semant la panique et nous ne sommes parvenus à apaiser la situation que dans la deuxième moitié de la journée lorsque nous avons expliqué ce qui se passait», a-t-il déclaré.

«Nous ne cachons rien à personne», a-t-il assuré.

Les accidents dans le secteur énergétique des ex-républiques soviétiques sont fréquents. Mais l'ampleur et le nombre de victimes potentielles de cette catastrophe ont un caractère exceptionnel.

L'accident a initialement été mis sur le compte d'une brusque élévation de la pression de l'eau dans l'une des dix turbines de la centrale, qui aurait provoqué un «choc hydraulique» et détruit une grande partie du bâtiment, mais d'autres pistes sont aussi à l'étude.

La thèse d'un attentat terroriste a été écartée, et les autorités répètent depuis lundi que le corps du barrage n'a pas été atteint et que les populations locales en aval ne courent aucun risque.

Quelque 40 tonnes de produits pétroliers se sont déversées dans le fleuve Ienisseï suite à l'accident et une nappe de 15 km de long continue d'y flotter en dépit des efforts entrepris pour la résorber, a indiqué à Ria Novosti un porte-parole du ministère des Situations d'urgence. Première conséquence: 400 tonnes de truites d'élevage sont mortes en raison de la pollution du fleuve, selon l'Agence fédérale pour la pêche, citée par Ria Novosti.

La reconstruction de la centrale pourrait coûter plus de 40 milliards de roubles (887 millions d'euros), a estimé mercredi le ministre de l'Energie, Sergueï Chmatko.