Le président Nicolas Sarkozy a demandé à Israël «le gel total» de la colonisation en Cisjordanie, mercredi lors d'un entretien à Paris avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, selon un communiqué de la présidence française.

Le président français Nicolas Sarkozy a joint mercredi sa voix à celle de Barack Obama pour exiger de Benjamin Netanyahu, en visite à Paris, un «gel total» de la colonisation en Cisjordanie, ce que le premier ministre israélien continue de refuser.M. Sarkozy «a appelé Israël à prendre, sans attendre, toutes les mesures possibles pour encourager la confiance» avec les Palestiniens, «à commencer par le gel total des activités de colonisation», a indiqué la présidence dans un communiqué publié après un entretien de plus d'une heure entre les deux hommes au Palais de l'Elysée.

Il s'agit de la première tournée européenne de M. Netanyahu depuis son retour au pouvoir en avril et de sa première prise de contact avec les autorités françaises, qui ont toujours l'ambition de peser sur le processus de paix.

Déjà soumis à de fortes pressions de l'administration de Barack Obama sur le dossier des implantations, M. Netanyahu a tenté de minimiser la position française.

«Ce n'est pas nouveau, c'est un rappel d'une position qu'il (Nicolas Sarkozy) a déjà prise dans le passé», a-t-il déclaré aux journalistes.

Et le premier ministre israélien de camper sur ses positions: «Nous nous sommes engagés - et je le répète ici - à ne pas construire de nouvelles colonies et à ne pas essayer de grappiller plus de terres pour la construction de telles colonies», a-t-il répété.

«Mais les Israéliens qui vivent dans ces colonies ont besoin de vivre décemment», a-t-il ajouté.

Le gouvernement israélien entend poursuivre la construction dans les colonies existantes au motif de l'«expansion naturelle», compte tenu de leur démographie.

L'annulation au dernier moment d'une rencontre prévue à Paris jeudi entre M. Netanyahu et l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell laisse entrevoir une tension accrue entre les deux alliés autour de cette question centrale de la colonisation.

D'après le quotidien israélien Yediot Aharonot, c'est Washington qui a pris cette décision, en signe de mécontentement.

«Le premier ministre espère trouver un terrain commun avec les Etats-Unis sur la question des colonies, c'est pourquoi il a estimé qu'un examen supplémentaire des données était nécessaire», a affirmé de son côté mercredi un haut responsable de la délégation de M. Netanyahu.

Selon lui, ce dernier a décidé d'envoyer le ministre de la Défense Ehud Barak à Washington «car il est très impliqué dans le dossier des colonies». «Une fois ce travail effectué, le Premier ministre rencontrera M. Mitchell», a-t-il dit.

Par ailleurs, M. Sarkozy a tenu à «rappeler» que «la France ne transigera jamais sur la sécurité d'Israël» et «a de nouveau marqué clairement que la perspective d'un Iran nucléaire est inacceptable».

Cette question cruciale pour le gouvernement israélien devait être au coeur des entretiens de M. Netanyahu en France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Il avait déjà largement discuté de ce dossier la veille avec Silvio Berlusconi, chef du gouvernement d'un pays qui est l'un des premiers partenaires européens de l'Iran.

Ce dernier s'est rallié à la plupart des vues du Premier ministre de l'Etat hébreu sur les questions palestiniennes et iraniennes.

«La principale menace est le comportement agressif de l'Iran qui réprime son propre peuple», a déclaré à Rome M. Netanyahu.

M. Netanyahu devait rencontrer en fin de journée les représentants de la communauté juive de France, la plus importante d'Europe, et jeudi le Premier ministre François Fillon, avant de regagner Israël.