Grand oral pour José Manuel Barroso. Le président de la Commission européenne présentait jeudi soir son programme aux 27 chefs d'État et de gouvernement réunis en conseil européen à Bruxelles, avant d'obtenir sans doute un feu vert de principe à sa reconduction pour cinq ans à la tête de l'exécutif européen.

Le président Barroso, accusé d'ultralibéralisme à gauche et critiqué pour son manque de réactivité face à la crise, devait présenter son programme pour les cinq prochaines années au cours d'un dîner de travail.Selon le texte d'un courrier adressé aux chefs d'État rendu public par la Commission, il prône plus de solidarité dans le domaine économique, plus d'investissements dans la recherche et les infrastructures, se prononce pour une croissance soutenable, pour une lutte ambitieuse contre le changement climatique et s'engage pour la régulation des marchés financiers et contre le protectionnisme.

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se sont engagés à soutenir le Portugais, rejoints par leurs collègues conservateurs. Plusieurs chefs de gouvernement de gauche se sont alignés sur cette position, comme le chancelier autrichien Werner Faymann ou encore le premier ministre portugais José Socrates, qui a affirmé jeudi matin devant les eurodéputés socialistes que «M. Barroso avait fait du bon travail». Des compliments auxquels le président du groupe socialiste au Parlement européen Martin Schulz a répondu par une sévère critique du président sortant, dont le bilan est «vraiment mauvais».

Le conseil souhaite obtenir un accord large des groupes au Parlement européen en juillet pour formaliser cette désignation. Mais les libéraux et les conservateurs réunis n'ont qu'une majorité relative et les autres grands groupes sont vent debout contre le Portugais, ce qui pourrait retarder la décision.

Au premier jour de leur rencontre, les Vingt-Sept devront aussi s'entendre sur les concessions susceptibles de convaincre les électeurs irlandais d'accepter en septembre ou octobre le traité de Lisbonne qu'ils ont rejeté par référendum il y a un an. L'Union devrait pour cela adjoindre au «mini-traité» un texte rassurant les Irlandais sur la préservation de leurs règles sur l'avortement, la politique de la famille, l'éducation ou la fiscalité, ainsi qu'une déclaration réaffirmant la neutralité de l'Irlande.

Les Vingt-Sept vont aussi se pencher sur une renforcement des banques et des marchés financiers. Devant les réticences de la Grande-Bretagne, qui craint de voir de nouvelles agences européennes susceptibles d'imposer leurs décisions à la City, les chefs d'État pourrait décider de reporter l'examen détaillé de ce volet, estimait-on jeudi de sources diplomatiques européennes.

Alors que débutait la rencontre, des agriculteurs ont perturbé la circulation à Bruxelles avec environ 600 tracteurs pour protester contre la chute des prix des produits laitiers. Ils ont été tenus éloignés des locaux du conseil européen.