A trois mois des législatives allemandes, le Parti social-démocrate SPD a adopté dimanche un programme visant à détrôner la chancelière conservatrice Angela Merkel: une mission impossible, selon les récents scrutins et les sondages.

«L'idéologie qui nous a mené à la crise (économique) ne peut offrir la réponse à cette crise», a affirmé le leader social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, 53 ans, qui a promis une «campagne combative» contre Mme Merkel, 54 ans, qu'il a accusée de «temporiser» face à cette crise.

«Nous avons les réponses appropriées à la crise, j'en suis totalement convaincu», a-t-il lancé. «Nous avons le bon programme pour le futur de notre pays (...) L'Allemagne a besoin d'un chancelier social-démocrate. (...) Nous voulons gagner et nous gagnerons» le 27 septembre.

La direction du SPD avait déjà adopté un programme électoral, endossé dimanche par les délégués, qui refuse notamment les baisses d'impôt et prévoit au contraire de taxer davantage les hauts revenus, et souhaite l'instauration d'un salaire minimum qui serait à ce jour de 7,50 euros de l'heure.

Le SPD, le plus ancien parti allemand, est depuis 11 ans au pouvoir, mais depuis 2005 il a dû céder la part-belle aux Unions chrétiennes (CDU/CSU) de Mme Merkel qui dirige la «grande coalition» issue d'élections qui avaient vu les sociaux-démocrates recueillir un point de moins que les conservateurs (35,2 à 34,2%).

Mais selon les derniers sondages et scrutins, les sociaux-démocrates sont aujourd'hui à plus de 10 points derrière les conservateurs, le dernier sondage Infratest Dimap leur attribuant 25% des intentions de vote aux législatives, contre 36% pour la CDU.

Et dimanche dernier le SPD a pris un nouvelle gifle aux municipales dans sept des 16 Länder (Etats régionaux), et encaissé son pire score européen avec 20,8% des voix contre 37,9% pour la CDU/CSU.

 «En période de crise les électeurs veulent des gouvernants qui prennent soin d'eux. Et Mme Merkel occupe ce siège, même s'il c'est traditionnellement celui dex sociaux-démocrates», analysait récemment pour l'AFP le professeur Manfred Güllner, patron de l'institut d'enquêts démoscopique Forsa.

M. Steinmeier, ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier de Mme Merkel, a reconnu dans son discours devant quelque 525 délégués du parti à Berlin que les élections de dimanche avaient été «un fiasco» mais, a-t-il estimé, «le jeu est ouvert, nous allons le maintenir ouvert, et à la fin nous gagnerons».

Concernant la crise économique, le candidat SPD a estimé que la présence des sociaux-démocrates au gouvernement avait permis de préserver des emplois et des acquis sociaux.

 «Sans nous ce pays présenterait une image bien différente», a affirmé M. Steinmeier, assurant que les mesures d'économie de l'ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder permettaient à l'Allemagne de financer ses efforts de sortie de crise.

Il a également défendu ses efforts pour sauver le constructeur automobile Opel de la faillite, affirmant que son parti «est et demeure celui du travail» et de la défense des travailleurs.

 «Il vaut mieux financer le travail que le chômage», a également martelé M. Steinmeier pour qui l'Allemagne «n'est pas le pays de l'égoïsme froid, mais celui de la démocratie-sociale».

Les prochaines élections dégageront une «majorité qui ne restera pas là à regarder sans rien faire», a-t-il également affirmé M. Steinmeier qui a mis en cause «le style de leadership» de Mme Merkel qu'il a eu du mal à critiquer jusqu'à présent en raison de l'alliance gouvernementale.

 «Je veux être le chancelier de tous les Allemands», a encore affirmé M. Steinmeier qui préconise pour son parti la voie «du nouveau milieu» face aux conservateurs et au parti de la gauche radicale die Linke, qu'il n'a pas une seule fois cité mais qui, avec près de 10% des intentions de vote, chasse sur les terres traditionnelles des sociaux-démocrates et menace de leur gâcher les élections.