Les violences meurtrières se sont poursuivies mercredi dans le Caucase russe, où le président Dmitri Medvedev avait promis la veille, lors d'une visite surprise, de «liquider la racaille terroriste».

En république d'Ingouchie, voisine de la Tchétchénie, la vice-présidente de la Cour suprême locale, Aza Gazguireïeva, a été tuée par balles à bord de sa voiture de fonction, a indiqué le Parquet russe dans un communiqué.La juge a succombé sur place à ses blessures. Son chauffeur et quatre passants, dont une fillette d'un an, ont été blessés.

Le président ingouche Iounous-Bek Evkourov a estimé que cette attaque pourrait être liée au procès de douze personnes accusées d'avoir mené un raid armé dans la république en juin 2004. L'opération, dirigée par le chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev, tué depuis, avait fait 78 morts.

La vice-présidente de la Cour suprême avait aussi annulé l'acquittement de trafiquants de drogue dont elle a pu devenir la cible, a estimé M. Evkourov.

Tard mardi soir, deux attaques séparées au Daguestan, autre république du Caucase russe voisine de la Tchétchénie, ont coûté à la vie à un policier et à un agent des forces spéciales russes.

Le site Internet Kavkazcenter, qui sert de relais aux combattants rebelles, a lié ces violences à la visite du président Dmitri Medvedev mardi dans la république du Daguestan.

«Bien que les occupants (la Russie, ndlr) et leurs marionnettes aient annoncé un régime de contrôle renforcé au Daguestan (...) et aient déployé à cause de la venue de Medvedev une grande quantité de soldats et de blindés, les moudjahidine ont accru leurs attaques», écrit Kavkazcenter.

«L'opération la plus marquante a été la liquidation d'un policier dans les toilettes, tout juste à côté d'un barrage de ces traîtres», poursuit le site.

Cette remarque n'est pas sans rappeler des propos de l'ex-président russe Vladimir Poutine, désormais premier ministre, qui avait juré de «buter les terroristes jusque dans les chiottes».

Les rebelles islamistes daguestanais du Jamaat Shariat ont par ailleurs profité de la visite de M. Medvedev pour revendiquer l'assassinat vendredi du ministre de l'Intérieur de la république, Adilguereï Magomedtaguirov.

«Le groupe d'opération spéciale du Front daguestanais de l'Emirat du Caucase a éliminé l'ennemi juré d'Allah, le soi-disant ministre», indiquent les rebelles sur leur site Internet.

L'Emirat du Caucase a été fondé en 2007 par Dokou Oumarov, alors «président» indépendantiste de la Tchétchénie, pour porter la guerre sainte dans tout le Caucase.

Depuis plusieurs jours, certains médias russes donnent M. Oumarov pour mort. Mais l'identification de ses restes présumés semble prendre du temps, seuls des morceaux de corps ayant été retrouvés, a rapporté mercredi le journal Kommersant.

«Ensemble, les morceaux (de corps) retrouvés ne pèsent pas plus de 1,5 kilo», explique une source russe dans les colonnes de ce quotidien qui affirmait la veille que les autorités russes comptaient annoncer la mort du chef rebelle vendredi, jour de la fête nationale russe.

Malgré la levée en avril du régime d'opération antiterroriste en Tchétchénie, théâtre de deux conflits armés depuis la chute de l'URSS, les attaques contre les forces armées et la police restent très fréquentes dans le Caucase.