L'Autrichien Josef Fritzl, qui a séquestré et violé sa fille pendant 24 ans, a reconnu mercredi sa culpabilité pour tous les chefs d'accusation, y compris la mort d'un enfant de l'inceste, opérant ainsi un spectaculaire revirement au troisième jour de son procès.

Jusqu'à présent, il n'avait admis sa culpabilité que pour les accusations de viols, inceste, séquestration et menaces aggravées, récusant celles de meurtre -- passible de la prison à vie, la peine la plus lourde encourue par Fritzl -- et d'esclavage.

«Je reconnais être coupable de tous les chefs d'accusation inscrits dans l'acte d'accusation», a déclaré Josef Fritzl, 73 ans, à la reprise des débats devant la Cour d'assises de Sankt-Pölten, près de Vienne, en présence des journalistes, exclus des audiences des premiers jours.

Interrogé par la présidente, Andrea Humer, sur ce qui l'a poussé à changer de position, il a laconiquement répondu: «Le témoignage filmé de ma fille». Et de réitérer: «Je reconnais être coupable, je regrette».

Même son avocat, Rudolf Mayer, s'est dit «surpris» de ce revirement.

La Cour d'assises avait visionné auparavant à huis clos les 11 heures du témoignage vidéo bouleversant de sa fille Elisabeth, aujourd'hui âgée de 42 ans, relatant son «martyre inimaginable» dans la cave-cachot de 40 m2, sans fenêtres ni ventilation. Elle y a été séquestrée à 18 ans par son père qui en avait alors 49. Elisabeth y a mis au monde, seule, sept enfants dont un, un jumeau, est mort en avril 1996 faute de soins extérieurs, deux jours après sa naissance.

«Je ne sais pas pourquoi je ne suis pas intervenu. J'espérai que le bébé s'en sorte», a souligné mercredi Fritzl, présent lors de l'accouchement des jumeaux. «Je reconnais que je suis coupable, j'aurai du reconnaître que le bébé allait très mal», a-t-il ajouté.

Pour ce décès, Fritzl risque la prison à vie s'il ne finit pas ses jours dans un centre psychiatrique, comme l'a recommandé mercredi l'experte psychiatre Adelheid Kastner.

En cas de condamnation à l'internement psychiatrique, Fritzl devra s'y soumettre avant de purger une éventuelle peine de prison, a précisé le porte-parole du Tribunal, Franz Cutka, devant la presse.

Devant la Cour, l'experte a estimé que l'accusé présentait un risque de récidive: «Le danger persiste qu'il commette à nouveau des actes graves s'il n'est pas soigné, c'est pourquoi il sera nécessaire qu'on le traite et cela jusqu'à ce qu'on puisse dire qu'il n'est plus dangereux», a-t-elle indiqué en ajoutant que son âge avancé ne changeait rien à sa dangerosité.

Sur le choix d'Elisabeth comme victime parmi ses sept enfants légitimes, Fritzl lui a expliqué: «Elle était têtue comme moi, elle était aussi forte que moi, et plus l'adversaire est fort, plus grande est la victoire».

Adelheid Kastner, qui avait déclaré l'accusé pénalement responsable de ses actes, a conclu qu'il souffrait de troubles graves de la personnalité -- avec un «fort besoin de pouvoir» -- et de déviances sexuelles, soulignant qu'il lui avait avoué «être né pour violer».

Le placement de Fritzl en centre spécialisé a été demandé par le procureur, Christiane Burkheiser, dans l'acte d'accusation.

Selon le quotidien autrichien Kurier, Elisabeth a assisté mardi à une partie du procès dans le prétoire afin de «recueillir des impressions» pour les intégrer à un livre qu'elle projette d'écrire sur son calvaire. Cette information n'a pas été confirmée mais l'avocat de Fritzl n'a pas exclu que son éventuelle présence ait pu provoquer le revirement de son client.

Franz Cutka a refusé de démentir ou confirmer, devant la presse, la présence d'Elisabeth mardi à l'audience, précisant juste qu'«elle n'était pas au tribunal aujourd'hui» (mercredi).

Après moins de deux heures d'audience, la présidente s'est retirée avec les juges assesseurs pour établir la liste des questions qui seront soumises aux huit jurés et rendues publiques jeudi matin, avant le réquisitoire du Parquet, les plaidoiries des parties civiles et de la défense.

Le verdict est attendu jeudi après-midi, alors que beaucoup d'Autrichiens sont ulcérés qu'une partie de la presse internationale ait présenté ce drame comme typique d'une société conservatrice et adepte du secret.