Le Premier ministre britannique Gordon Brown a assuré lundi que le meurtre de deux soldats britanniques ne compromettrait pas un processus de paix désormais «inébranlable» en Irlande du Nord, où il s'est rendu pour évaluer la situation sécuritaire.

Un groupuscule républicain opposé au processus de paix, l'IRA-véritable, a revendiqué l'attaque contre une caserne de l'armée britannique à Massereene, dans le comté d'Antrim (nord-ouest de Belfast), qui a coûté la vie samedi à ces deux soldats.

«Ce que j'ai vu ce matin, c'est l'unité du peuple nord-irlandais et l'unité des partis politiques», a déclaré M. Brown à l'issue d'un entretien à Stormont avec le Premier ministre nord-irlandais Peter Robinson, chef du Parti unioniste démocrate (DUP/protestant), et le vice-Premier ministre Martin McGuinness, membre du parti catholique Sinn Fein.

«Ils veulent, comme moi, lancer au monde le message que le processus politique ne sera pas, ne pourra jamais être ébranlé. En fait, le processus politique est maintenant inébranlable», a affirmé M. Brown, qui avait auparavant visité la base de Massereene.

«L'IRA-véritable n'a pas sa place dans la politique nord-irlandaise», a-t-il repris, dénonçant des «meurtriers impitoyables».

Aucun soldat britannique n'avait été tué en Irlande du Nord depuis 1997. L'armée britannique a cessé le 1er août 2007 d'apporter son soutien à la police nord-irlandaise pour les opérations de maintien de la paix, mais environ 5.000 hommes restent stationnés dans la province.

L'attentat, condamné par toute la classe politique nord-irlandaise, a ravivé la crainte d'un retour aux violences qui ont agité la province pendant les 30 années de conflit ayant précédé la signature des accords du Vendredi saint, le 10 avril 1998.

Gerry Adams, le leader du Sinn Fein, qui partage le pouvoir avec le DUP au sein du gouvernement régional, a assuré lundi que les républicains dissidents ne disposaient d'aucun soutien au sein de la population.

Mais il a aussi jugé que le chef de la police nord-irlandaise (PSNI) Hugh Orde avait joué avec le feu en annonçant, la semaine passée, avoir demandé à une unité d'élite de l'armée britannique de mener une opération de surveillance d'une de ces factions.

M. Adams a regretté une «énorme erreur». «Les républicains, les patriotes, les démocrates ne veulent pas de l'armée britannique en Irlande. Mais, encore une fois j'insiste, cela ne justifie pas ce qui s'est passé», a-t-il fait valoir.

Les deux soldats, âgés de 21 et 23 ans, n'étaient pas de service samedi, attendant d'être envoyés le lendemain en Afghanistan. Les assaillants ont ouvert le feu sur eux quand ils sont venus, sans armes, à l'entrée de la caserne récupérer des pizzas apportées par des livreurs.

Les deux livreurs et deux autres militaires ont été grièvement blessés.

Quelque 300 militants républicains dissidents seraient actifs en Irlande du Nord.

L'IRA-véritable est née en octobre 1997 d'une scission avec l'IRA, la principale milice catholique d'Irlande du Nord, qui a renoncé à la violence et démantelé son arsenal en 2005.

Opposé aux accords du Vendredi saint, le groupuscule s'est fait connaître en commettant le 15 août 1998 l'attentat d'Omagh, le plus sanglant en trente ans de conflit avec 29 morts.

Une recrudescence des violences imputées aux républicains dissidents a été observée ces derniers mois dans la province. La semaine passée, Hugh Orde avait averti que la menace d'attaques contre des policiers et des militaires n'avait jamais été aussi élevée depuis une décennie.

Plus d'une dizaine de tentatives de meurtres contre des policiers ont été enregistrées ces 18 derniers mois.