La ville allemande de Munich, où vit la plus grosse communauté ouïghoure du monde hors de Chine, est prête à accueillir les 17 membres de cette minorité chinoise musulmane détenus à Guantanamo depuis 2002, a-t-on appris vendredi auprès de la mairie.

Le conseil municipal de la capitale bavaroise a adopté une motion en ce sens jeudi, devenant ainsi l'une des premières villes dans le monde à se déclarer prête à recevoir ces détenus qui courent des risques s'ils sont renvoyés dans leur pays.

Le maire social-démocrate de Munich, Christian Ude, a indiqué vouloir ainsi envoyer «un signal précoce» au gouvernement américain au cas où Berlin recevrait une demande officielle de l'administration Obama, selon le quotidien Süddeutsche Zeitung.

«L'accueil des prisonniers ouïghours se fera selon les procédures communes d'accueil des réfugiés», affirme la motion adoptée par le conseil municipal et présentée par le parti écologiste Verts.

Le vice-président du Congrès mondial ouïghour, Ansgar Can, avait appelé mardi l'Union européenne à accueillir ces prisonniers blanchis des charges pesant sur eux.

Ces gens ont été innocentés et «ils sont quand même en prison et personne ne veut d'eux», avait expliqué M. Can, affirmant qu'au moment de leur arrestation en 2001 en Afghanistan, à la frontière avec le Pakistan, ils se trouvaient «juste au mauvais endroit au mauvais moment».

L'accueil éventuel de ces détenus en Allemagne est toutefois loin de faire l'unanimité et la décision finale ne peut venir que de la chancelière Angela Merkel.

Le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s'est déclaré favorable à l'accueil sous conditions de certains prisonniers du centre de détention américain de Guantanamo, qui doit fermer d'ici un an. Mais le ministre de l'Intérieur, Wolfgang Schäuble, y est opposé.

Le sort des 17 détenus ouïghours est un cas à part dans le dossier des prisonniers de Guantanamo dans la mesure où ils ont été totalement blanchis par la justice américaine et ne sont pas considérés comme des «ennemis combattants» par Washington.

Mais ils n'ont pas été envoyés en Chine en raison de craintes qu'ils n'y soient torturés.

Réfugiés en Afghanistan, ils avaient été vendus aux Américains par des chasseurs de prime à l'automne 2001.

Munich abrite le siège de la principale organisation des Ouïghours en exil. Quelque 500 membres de cette minorité turcophone de la région autonome du Xinjiang (nord-ouest de la Chine) y vivent. Au total, 4000 Ouïghours vivent en exil en Europe et 2000 aux États-Unis.

L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) avait appelé en octobre à la libération de ces détenus ouïghours.

Amnesty International a quant à elle appelé mercredi le Canada à proposer à Barack Obama d'accueillir des détenus de Guantanamo, notamment ces ouïghours.

Ottawa a cependant démenti être sur le point d'accueillir trois de ces détenus, comme l'affirmait la presse.