L'Organisation mondiale de la santé a dénoncé mardi dans son rapport 2008 des «inégalités criantes» en matière d'accès aux soins, préconisant de revenir au plus vite aux principes de base de la santé primaire.

«Les inégalités en matière de résultats sanitaires et d'accès aux soins sont bien plus grandes aujourd'hui qu'elles ne l'étaient en 1978», a expliqué l'OMS dans son rapport annuel sur la santé dans le monde.

«Les différences d'espérance de vie entre les pays les plus riches et les plus pauvres dépassent désormais 40 ans», s'inquiète l'organisation, ajoutant que les dépenses de santé personnelles «poussent désormais chaque année 100 millions de personnes sous le seuil de pauvreté».

«Sur le plan mondial, les dépenses publiques de santé varient entre 20 dollars par personne et par an et plus de 6000 dollars», insiste l'OMS.

«A bien des égards, les réponses du secteur de la santé à l'évolution du monde ont été inadéquates et naïves», incapables d'anticiper les problèmes et de trouver des solutions globales, résume le rapport.

«Certains des plus grands gaspillages et des plus grandes inefficacités se produisent quand la santé est considérée comme un produit commercial, qui peut être acheté et vendu, en présumant que les forces du marché vont ajuster eux-même les problèmes», a relevé la directrice générale de l'OMS Margaret Chan lors d'une conférence de presse à Almaty (Kazakhstan).

«En fait cela ne se passe que rarement», a poursuivi Mme Chan. «A la place, on voit des tests et des procédures inutiles, des séjours hospitaliers plus importants et plus longs, des coûts plus élevés et l'exclusion des gens qui ne peuvent pas payer», a-t-elle souligné.

Le rapport de l'OMS souligne que «les systèmes de santé semble dériver d'une priorité à court terme à une autre, de plus en plus fragmentés et sans direction claire»: ils ne vont pas naturellement dans le sens de la Déclaration de Alma-Ata, nom soviétique de l'ancienne capitale kazakhe où des accords ont été signés il y a trente ans soulignant la nécessité d'équité dans les soins.

Parmi les plus grandes défaillances de nombreux systèmes de santé, l'Organisation relève une utilisation abusive des spécialistes au détriment des généralistes et médecins de famille ainsi qu'une approche concentrée sur les maladies des riches et sur les technologies de pointe.

La prévention est de ce fait trop négligée alors qu'une amélioration des mesures préventives «permettrait de réduire la charge mondiale de morbidité de près de 70%», regrette encore l'OMS.

«Un monde fortement déséquilibré en matière de santé n'est ni stable ni sûr», a prévenu la Directrice générale de l'organisation Margaret Chan lors du lancement du rapport à Almaty (ancienne Alma-Ata), au Kazakhstan.

Et de préconiser un retour aux soins de santé primaires, qui «à la lumière des tendances actuelles», «font de plus en plus figure de moyen avisé de remettre le développement sanitaire sur les rails», selon Mme Chan.

Pour l'OMS, une telle approche, par le bas, est à même de faire face à plusieurs défis contemporains, à savoir la «mondialisation des modes de vie malsains, l'urbanisation rapide et anarchique ainsi que le vieillissement de la population».

L'organisation mondiale de la santé conclut en renvoyant la balle aux politiques qui doivent prendre «expressément» les décisions adéquates.