L'ex-otage de la guérilla des FARC Ingrid Betancourt a annoncé mercredi à Madrid qu'elle projetait de créer une fondation consacrée notamment aux droits de l'homme et a répété qu'elle excluait pour l'instant un retour à la politique colombienne.

«Nous travaillons» à un projet de «fondation», a déclaré la Franco-Colombienne lors de la présentation du livre «Infierno verde» («Enfer vert») de son ancien compagnon de captivité, Luis Elario Pérez. L'objectif de cette fondation serait «de donner les moyens pour agir en situation de crise, là où les gens en ont besoin, d'agir pour la liberté, pour la défense des droits de l'homme et pour un monde différent en relation avec l'écologie», a déclaré Ingrid Betancourt.

«Pour cela nous avons besoin de gens disposés à lutter et à réfléchir. Je veux rencontrer les meilleures personnes, faire une «dream team» », a encore déclaré l'ex-otage lors de cette conférence de presse organisée en compagnie de M. Perez par son éditeur espagnol, Aguilar (groupe Prisa).

Mme Betancourt a indiqué vouloir «servir» son pays, la Colombie, «à l'aider à vivre d'une autre manière, en créant un espace de concorde et de dialogue.»

«J'espère que les FARC entendrons le message: il y a un espace pour eux en Colombie», a ajouté l'ex-otage avant d'appeler la guérilla à utiliser les «voies démocratiques pour changer les choses et non en tuant».

La Franco-Colombienne a aussi invité les pays latino-américains à faire «pression» sur les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) pour qu'elles abandonnent la violence et relâchent tous les prisonniers.

Mme Betancourt a encore indiqué ne pas vouloir «revenir à la politique» telle qu'elle se pratique actuellement en Colombie «avec des intérêts cachés, des manipulations, des agendas secrets», mais «rêve qu'un jour, on puisse faire de la politique différemment».

M. Perez a, au contraire, invité Mme Betancourt à revenir à la politique: «Ingrid non seulement peut mais doit avoir un rôle important dans le cadre d'un mouvement de reconstruction national», a-t-il souligné.

Ingrid Betancourt a la capacité «à diriger un mouvement qui rassemble la gauche, la droite et tous les Colombiens», a estimé cet ancien sénateur colombien, libéré en février, et avec qui Mme Betancourt avait tenté en vain de s'évader.

Mme Betancourt a confirmé en outre qu'elle n'envisageait pas pour le moment de retourner en Colombie pour des raisons de sécurité: «Le thème de la sécurité est très important pour moi. Lorsque cela sera résolu, j'espère revenir à ma patrie».

Ancienne candidate écologiste à l'élection présidentielle en Colombie, Ingrid Betancourt, a été libérée le 2 juillet après six ans de détention par les FARC.