Des enfants séparés de leurs parents migrants à la frontière mexico-américaine sont-ils menés incognito dans des centres d'accueil new-yorkais? La question se pose après des images filmées dans la nuit par une chaîne de télé, tandis que le gouverneur démocrate a promis d'attaquer l'administration Trump en justice pour sa politique de séparation des familles.

Alors que la colère monte chez les démocrates et les défenseurs des migrants face à cette politique que Donald Trump a revendiquée mardi au Congrès, la chaîne New York 1 a diffusé mercredi matin des images de cinq fillettes accompagnées d'adultes, parlant espagnol, marchant peu avant 1 h du matin vers un centre d'accueil du quartier de Harlem.

Le journaliste a indiqué avoir eu des informations selon lesquelles il s'agirait d'enfants séparés de leurs parents à la frontière mexicaine, mais ne pas avoir pu les confirmer officiellement.

La chaîne a aussi montré des images d'enfants ressortant du centre une heure plus tard, la tête couverte de couvertures, impossibles à identifier.

Le centre d'accueil, identifié comme appartenant à l'association des Cayuga Centers, n'a fait aucun commentaire sur ces informations dans l'immédiat.

Sur son site web, l'association explique qu'elle place des enfants de migrants dans des familles d'accueil hispanophones, en attendant qu'ils puissent être confiés à des membres de leur famille installés aux États-Unis ou qu'ils soient renvoyés dans leur pays d'origine.

Le 19 juin, le gouverneur de l'État de New York, Andrew Cuomo, a annoncé que l'État allait attaquer en justice l'administration Trump pour « violation des droits constitutionnels » des enfants migrants et de leur famille.

« Nous avons maintenant connaissance de plus de 70 enfants placés dans des centres fédéraux de l'État de New York et l'on s'attend à ce que ce nombre augmente puisque d'autres centres ont été contactés », a-t-il indiqué dans un communiqué, évoquant 10 centres différents.

« New York va agir et assigner en justice [l'administration] pour mettre fin à cette attaque impitoyable et délibérée contre les communautés immigrées, et à cette cruelle politique une fois pour toutes », a-t-il ajouté.

Selon le journal new-yorkais Daily News, citant une source fédérale, plus de 300 enfants auraient déjà été envoyés à New York.

New York, bastion démocrate et ville-monde qui incarne l'image de l'Amérique comme terre d'immigration, s'oppose depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir à toutes les mesures de restrictions migratoires de son administration.

Tant le gouverneur que le maire de New York, Bill de Blasio, ont fermement dénoncé ces derniers jours la politique dite de « tolérance zéro » face à l'immigration illégale qui a vu plus de 2 300 enfants séparés de leurs parents depuis le début de mai, selon les chiffres du gouvernement fédéral.

L'association New York Immigration Coalition, qui avait été au début de 2017 à la pointe du combat contre le décret migratoire bloquant l'arrivée aux États-Unis de migrants venant de certains pays à majorité musulmane, a prévu un grand rassemblement devant le siège de l'ONU à Manhattan pour protester contre cette politique de séparation et marquer la journée mondiale des réfugiés.