Le président américain Donald Trump a une nouvelle fois affirmé mardi, contre toute évidence, que la criminalité était en hausse en Allemagne, mettant en doute les chiffres officiels et affirmant que cela résultait de la politique migratoire de Berlin.

«La criminalité en Allemagne est en hausse de plus de 10 % (les responsables ne veulent pas comptabiliser ces crimes) depuis que les migrants ont été acceptés», a-t-il tweeté, au lendemain d'un premier message dans lequel il s'était déjà immiscé dans le débat politique allemand.

«C'est encore pire dans d'autres pays», a-t-il ajouté, appelant l'Amérique à ne pas suivre la même voix, au moment où il est au coeur d'une vive polémique autour de la séparation de plus de 2300 mineurs arrachés à leurs parents sans papiers.

En critiquant frontalement la politique migratoire de l'Allemagne, pays allié des États-Unis, le président américain souffle sur les braises du conflit qui déchire le gouvernement d'Angela Merkel.

L'aile la plus à droite du gouvernement allemand a fixé un ultimatum de deux semaines à la chancelière pour obtenir au niveau européen une forte réduction du nombre d'arrivées de migrants.

En 2017, la police a recensé 5 761 984 actes criminels, un recul net de 5,1 % par rapport à 2016. Ce chiffre était de 6 537 748 en.

Dans un communiqué publié début mai, le ministre de l'Intérieur allemand Horst Seehofer se félicitait que le nombre d'attaques physiques aux personnes ou aux biens ait atteint en 2017 son «plus bas niveau historique depuis 1992», c'est à dire depuis que sont compilées des statistiques pour l'Allemagne réunifiée.

Dans une longue série de tweets, Donald Trump a une nouvelle fois défendu sa politique migratoire très controversée, qui suscite désormais des interrogations au sein même de son propre camp.

«Si vous n'avez pas de frontières, vous n'avez pas de pays !», a-t-il lancé, reprenant l'un de ses slogans de campagne.

Depuis l'annonce de la politique américaine de «tolérance zéro» début mai, 2342 enfants et jeunes migrants ont été séparés de leurs familles, selon les derniers chiffres officiels. Ces derniers sont parfois logés dans des espaces grillagés, près de la frontière avec le Mexique.

Merkel réplique

La chancelière allemande Angela Merkel a réfuté mardi les affirmations de Donald Trump.

«Ma réponse à cela est que le ministre de l'Intérieur (allemand) a présenté récemment les statistiques sur la criminalité et qu'elles parlent d'elles-mêmes», a indiqué Mme Merkel lors d'une conférence de presse avec le président français Emmanuel Macron près de Berlin.

«Nous voyons là un développement positif, nous devons naturellement faire toujours plus pour lutter contre la criminalité», a ajouté Mme Merkel, parlant de «chiffres encourageants».

En critiquant la politique migratoire de Mme Merkel, le président américain souffle sur les braises du conflit qui déchire le gouvernement de la chancelière: cette dernière est confrontée à une fronde sans précédent de l'aile la plus à droite de sa coalition gouvernementale, qui réclame plus de fermeté aux frontières.

Le ministre de l'Intérieur a menacé de fermer les frontières de l'Allemagne «en juillet» aux migrants faute d'un accord d'ici là au niveau européen permettant de renvoyer les migrants dans les pays où ils ont été enregistrés à leur arrivée dans l'UE.

La politique migratoire est loin d'être la seule pomme de discorde entre Donald Trump et Angela Merkel.

Le locataire de la Maison-Blanche, qui a instauré des taxes douanières sur l'acier et l'aluminium en provenance notamment de l'Union européenne, reproche régulièrement à la chancelière les excédents commerciaux allemands à l'égard des États-Unis.

Il a également menacé de taxer jusqu'à 25 % les importations de voitures européennes, ce qui serait un coup dur pour le pays des BMW et Mercedes.

Donald Trump accuse également les pays européens membres de l'OTAN, particulièrement l'Allemagne, de ne pas respecter leurs promesses d'augmenter les dépenses militaires au sein de l'alliance.