Le procureur spécial enquêtant sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle américaine de 2016, Robert Mueller, a remis une injonction à l'entreprise de Donald Trump afin qu'elle lui remette tout document relatif à la Russie, a révélé le New York Times jeudi.

L'enquête se rapproche donc inexorablement du milliardaire, après avoir déjà investi son premier cercle à la Maison-Blanche et ailleurs, notamment en s'intéressant aux affaires de son gendre et conseiller, Jared Kushner.

Le quotidien affirme que l'organisation Trump, qui chapeaute toutes les entreprises immobilières du milliardaire, a été sommée de livrer aux enquêteurs tout document relatif à la Russie ou aux autres sujets sur lesquels l'équipe Mueller enquête. L'injonction est une obligation légale.

Dans un communiqué, un avocat du groupe, Alan Futerfas, n'a pas spécifiquement confirmé l'injonction, mais souligné que l'organisation coopérait avec toute enquête, y compris celle de M. Mueller.

«Depuis juillet 2017, nous avons dit publiquement que l'organisation Trump coopérait pleinement avec toutes les enquêtes, y compris celle du procureur spécial, et répondait à leurs demandes. Cette information n'a rien de nouveau, et notre assistance et notre coopération avec les diverses enquêtes restent inchangées aujourd'hui», a déclaré le conseil.

De son côté, la porte-parole du président, Sarah Sanders, a simplement déclaré, parlant au nom de la Maison-Blanche: «Nous allons continuer à coopérer» avec l'enquête menée par M. Mueller.

Robert Mueller, qui ne s'exprime pas publiquement, semble ainsi s'intéresser aux liens financiers potentiels entre le président républicain et la Russie bien que Donald Trump ait affirmé n'en avoir aucun.

On sait toutefois depuis l'été 2017 que l'homme d'affaires avait signé une lettre d'intention en 2015 pour un projet immobilier en Russie, qui n'a pas abouti.

Dans une interview au New York Times, en juillet 2017, le locataire de la Maison-Blanche avait estimé que l'élargissement de l'enquête de Robert Mueller à ses «finances familiales, sans rapport avec la Russie» constituerait une ligne rouge. «Je ne gagne pas d'argent avec la Russie», avait-il alors déclaré.

Robert Mueller a pour mission de déterminer les responsables et complices des ingérences russes dans la campagne présidentielle, et une éventuelle collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie.

Il a inculpé à ce jour 13 Russes pour leurs rôles dans la campagne de désinformation et de cyberattaques ayant visé les démocrates et d'autres cibles. Six autres personnes, dont quatre anciens collaborateurs de Donald Trump, sont également poursuivies, mais pas pour des délits relevant d'une éventuelle collusion, certains chefs d'inculpation concernant des faits précédant la campagne.

Par exemple, l'ancien président de l'équipe de campagne, Paul Manafort, a été inculpé de blanchiment d'argent, fraude ou encore faux témoignages pour ses anciennes activités de lobbyiste international.

Plusieurs anciens conseillers du candidat ou du président ont plaidé coupable et coopèrent avec l'enquête, dont Michael Flynn, éphémère conseiller à la sécurité nationale.