Le ministre américain de la Justice Jeff Sessions veut une décision « rapide » sur la nomination d'un procureur spécial pour enquêter sur Hillary Clinton, une requête de longue date du président Donald Trump, lui-même enlisé dans l'affaire russe.

« Vous pouvez être certains que (cette décision) sera prise sans influence politique, correctement et de manière appropriée », a déclaré mardi Jeff Sessions pendant une audition devant la Commission des affaires judiciaires de la Chambre des représentants.

Donald Trump a réclamé à de nombreuses reprises que son ancienne adversaire à l'élection présidentielle Hillary Clinton soit poursuivie en justice, allant même jusqu'à reprocher à son ministre de la Justice son inaction en la matière.

Dans une lettre adressée à la Commission des affaires judiciaires publiée lundi par plusieurs médias américains, le ministère de la Justice assurait que des procureurs fédéraux étaient en train d'examiner l'opportunité de nommer un procureur spécial pour se pencher en particulier sur la Fondation Clinton ou sur l'utilisation par l'ancienne Première dame d'un serveur privé de messagerie électronique quand elle était secrétaire d'État de Barack Obama.

Le ministère de la Justice s'intéresse aussi à la vente de la société canadienne Uranium One, détenant des mines américaines, au groupe public russe Rosatom en 2010. M. Trump a accusé Mme Clinton de collusion avec la Russie dans cette transaction.

L'opposition démocrate accuse la Maison-Blanche de vouloir allumer des contre-feux à l'affaire des liens présumés entre la Russie et la campagne Trump.

La nomination d'un procureur spécial pour enquêter sur Mme Clinton serait de nature « à précipiter la fin du ministère de la Justice en tant qu'institution indépendante », s'est alarmé sur Twitter l'élu démocrate Adam Schiff, membre de la commission du Renseignement de la Chambre.

« Nous avons l'intention de faire notre travail en accord avec les principes établis du ministère de la Justice », a assuré M. Sessions. « Nous ne prendrons que des décisions qui sont légitimes et justes et nous n'utiliserons pas le ministère au profit illicite d'un agenda politique ».

Mémoire défaillante

L'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l'affaire russe a déjà conduit à la mise en cause de trois anciens collaborateurs de Donald Trump pendant la campagne présidentielle, Paul Manafort, Richard Gates et George Papadopoulos.

Ce dernier a plaidé coupable d'avoir menti aux enquêteurs de la police fédérale (FBI). Il coopère désormais avec les enquêteurs et a reconnu avoir voulu servir d'intermédiaire entre des responsables russes et la campagne Trump à laquelle il participait en tant que conseiller sur les Affaires étrangères, une équipe alors dirigée par Jeff Sessions.

Questionné à ce sujet, Jeff Sessions a reconnu avoir participé à une réunion présidée par Donald Trump, le 31 mars 2016, en présence de George Papadopoulos, tout en affirmant ne « pas avoir de souvenirs clairs » sur le contenu des discussions.

Lors de cette réunion, M. Papadopoulos s'était targué de pouvoir organiser une rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et le candidat républicain.

« Après avoir pris connaissance de son témoignage (...) je crois que j'ai voulu lui dire très clairement qu'il n'était pas autorisé à représenter la campagne auprès du gouvernement russe, ou de quelque autre gouvernement que ce soit », s'est défendu Jeff Sessions.

« J'ai toujours dit la vérité », a-t-il ajouté.

Lors de son audition de confirmation au Sénat, Jeff Sessions avait affirmé n'avoir eu aucun contact avec des responsables russes durant la campagne.

Il avait par la suite reconnu avoir eu des échanges avec l'ambassadeur de Russie aux États-Unis, ce qui l'avait forcé à se récuser pour la supervision de l'enquête russe, confiée à Robert Mueller.

Au cours de cette nouvelle audition devant le Congrès, Jeff Sessions a également abordé la question des fuites d'information à la presse, un autre cheval de bataille du président Trump.

Il a assuré avoir ouvert un record de 27 enquêtes pour fuites d'informations classifiées, depuis le début de la présidence Trump.

« Je pense que (ces fuites) ont atteint les proportions d'une épidémie », s'est-il exclamé.