«Nos débats se détériorent à l'aune d'une cruauté nonchalante», a déclaré l'ancien dirigeant républicain à New York, lors d'une conférence organisée par l'institut portant son nom.

«L'intolérance semble enhardie. Nos débats politiques semblent plus vulnérables aux théories du complot et aux manipulations», a-t-il poursuivi.

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«Nous avons vu le nationalisme se dénaturer en nativisme, et nous avons oublié le dynamisme que l'immigration a toujours apporté à l'Amérique», a ajouté George Bush. «Nous perdons confiance dans l'économie de marché et le commerce international, en oubliant que les conflits, l'instabilité et la pauvreté sont les conséquences du protectionnisme».

«Nous observons le retour des idées isolationnistes, en oubliant que la sécurité de l'Amérique est menacée par le chaos et le désespoir frappant des lieux distants où terrorisme et épidémies, gangs et trafics de drogue tendent à émerger».

Reconnaissant que certains Américains étaient victimes de la mondialisation, il a estimé qu'il n'était «pas plus possible de mettre fin à la mondialisation que nous n'aurions pu empêcher la révolution agricole ou la révolution industrielle».

L'ancien président (2001-2009) a défendu le maintien d'une présence forte des États-Unis dans le monde, au nom de la liberté et aussi pour l'accès aux marchés étrangers des entreprises américaines. Il a également défendu l'accueil des réfugiés et des dissidents.

Et d'ajouter, s'en remettant aux valeurs fondatrices des États-Unis: «l'intolérance et la suprématie blanche, sous quelque forme qu'elle soit, sont blasphématoires contre les principes américains».

Règle tacite

On savait le malaise déclenché par l'ascension de Donald Trump en 2016 au sein de la famille Bush.

Le patriarche, George H. W. Bush, président de 1989 à 1993, n'a jamais démenti qu'il avait voté pour Hillary Clinton. Jeb Bush, frère du 43e président, a fait campagne aux primaires comme le candidat anti-Trump par excellence, sans cacher son mépris pour lui.

Et George W. Bush aurait lui-même grommelé, lors de la cérémonie d'investiture de janvier dernier au Capitole, que le discours du nouveau président était «vraiment bizarre», selon New York Magazine.

Mais aux États-Unis, comme dans d'autres pays, les anciens présidents se gardent de critiquer leurs successeurs.

George W. Bush n'a jamais critiqué publiquement Barack Obama, malgré leurs différends, se justifiant ainsi en 2014: «il n'est pas bon pour le pays qu'un ancien président sape un président en exercice».

Barack Obama a respecté cette règle tacite. Ses prises de parole, depuis son départ, ont été rares et globalement sur le fond de dossiers lui tenant à coeur, comme l'immigration et la santé.

Dans les premiers mois de 2017, George W. Bush avait pris soin de défendre la liberté de la presse --à un moment où Donald Trump s'attaquait avec virulence aux médias-- et de dénoncer «une tendance isolationniste dans notre pays».

Il est allé plus loin jeudi... gagnant l'estime de plusieurs démocrates -- un drôle de coup de chapeau, tant George Bush, longtemps impopulaire, a été critiqué par la gauche américaine pour la guerre d'Irak.

«Merci de dire la vérité sur Donald Trump et ceux qui le soutiennent», a réagi l'élu démocrate Ted Lieu.

Côté républicain, les félicitations sont venues d'un ancien rival de M. Bush, John McCain. «Discours important de mon ami, le président George W. Bush», a tweeté le sénateur, qui s'est lui-même attiré les foudres présidentielles en dénonçant lundi «un nationalisme bancal et fallacieux».

Reste à savoir si «45» répondra à «43».