Sous pression après un rappel à l'ordre public de Donald Trump et de nouveaux articles sur leurs relations tendues, le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a dû réaffirmer mercredi son soutien au président pour épargner une énième crise à son gouvernement.

«Je n'ai jamais envisagé de quitter cette fonction», a déclaré Rex Tillerson lors d'une allocution solennelle organisée à la hâte au département d'État à Washington. «Mon engagement en faveur du succès de notre président et de notre pays est aussi fort que le jour où j'ai accepté de servir comme secrétaire d'État», a insisté l'ex-patron du géant pétrolier ExxonMobil, 65 ans, debout derrière un pupitre.

Le président américain Donald Trump a pour sa part affirmé mercredi avoir «pleinement confiance» en son secrétaire d'État Rex Tillerson.«C'était une histoire complètement bidon, fabriquée par NBC», a affirmé M. Trump depuis Las Vegas, évoquant les informations de la chaîne selon laquelle le chef de la diplomatie l'aurait traité de «débile» et aurait envisagé de démissionner. «J'ai pleinement confiance en Rex», a-t-il ajouté.

La chaîne NBC News venait de rapporter que le secrétaire d'État avait traité Donald Trump de «débile» à la fin d'une réunion au Pentagone cet été, et menacé de démissionner à la même époque en raison de différends profonds avec le président. Selon ce média, qui cite plusieurs hauts responsables américains, le vice-président Mike Pence l'a rencontré quelques jours après pour lui demander de faire retomber la pression.

Interrogé, après son discours, sur le qualificatif de «débile», Rex Tillerson a balayé: «Je ne vais pas m'occuper de choses aussi insignifiantes», «cela n'a pas d'autre objectif que de diviser» «et je ne vais pas participer aux efforts pour diviser cette administration».

Le département d'État a ensuite apporté un démenti plus formel. «Il ne l'a pas dit», il «ne parle pas comme ça», a assuré sa porte-parole Heather Nauert, précisant que les deux hommes avaient eu une «bonne conversation» téléphonique après le discours de Rex Tillerson.

Dans l'après-midi, Donald Trump a affirmé avoir «pleinement confiance en Rex» et critiqué «une histoire complètement bidon, fabriquée par NBC».

«Chien de Trump»

L'administration américaine espère avoir tué dans l'oeuf une nouvelle crise après les nombreux soubresauts qui ont marqué les huit premiers mois du milliardaire républicain à la Maison-Blanche.

Il a perdu vendredi son ministre de la Santé Tom Price, emporté par un scandale lié à l'utilisation d'avions privés pour ses déplacements gouvernementaux, après avoir déjà dû se séparer de plusieurs conseillers et personnalités de premier plan.

Rex Tillerson lui-même avait dû démentir fin juillet des rumeurs de démission et a récemment dû défendre publiquement sa place face à l'offensive prêtée à l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU Nikky Haley pour lui succéder à Foggy Bottom, le tentaculaire siège du département d'État.

La très médiatique Nikky Haley, vue par certains observateurs comme la véritable voix de la diplomatie américaine face au très discret Rex Tillerson, a de son côté démenti vouloir le remplacer.

Et dans la presse comme dans la communauté diplomatique de Washington, le ministre, sans expérience politique avant sa nomination, est régulièrement critiqué pour sa gestion du département d'État comme pour ses difficultés à s'imposer -- un éditorialiste du Washington Post l'a taxé cette semaine, dans une tribune cinglante, de «chien de Trump».

Dans son discours, le secrétaire d'État a longuement loué mercredi la politique étrangère de Donald Trump dont «les objectifs» vont «au-delà de ce qu'on croit d'ordinaire possible d'atteindre au nom de notre pays».

«Nous avons obtenu l'unité de la communauté internationale autour de notre campagne de pression pacifique sur la Corée du Nord», convaincu les pays musulmans «d'assumer de nouvelles responsabilités dans la lutte antiterroriste» et l'organisation djihadiste État islamique est sur le point d'être vaincue en Irak et en Syrie, a-t-il notamment énuméré.

Or, sur de nombreux dossiers de son ressort, la presse américaine a plusieurs fois rapporté l'existence de tensions entre les deux hommes et le président a parfois semblé compliquer la tâche de son ministre avec des déclarations qui n'allaient pas dans le sens de la stratégie élaborée au département d'État.

Dimanche, dans une série de tweets, M. Trump avait ainsi paru rabrouer M. Tillerson, son «merveilleux secrétaire d'État», pour avoir évoqué publiquement l'existence de «canaux de communication» visant à «sonder» les intentions de Pyongyang quant à l'avenir de son programme nucléaire.

«Il perd son temps à négocier», avait-il écrit. «Conserve ton énergie Rex, nous ferons ce que nous devons faire.»