Des milliers de manifestants anti-racisme ont convergé samedi sur Boston pour dénoncer le racisme et l'extrême droite, un rassemblement émaillé d'accrochages dans un climat tendu aux États-Unis, une semaine après les violences de Charlottesville suivies des déclarations polémiques de Donald Trump.

«Pas de place pour la haine» ou «Rentrez chez vous, nazis» pouvait-on lire sur des panneaux brandis dans le cortège d'entre 15 000 et 30 000 manifestants, selon les médias locaux.

Ils avaient répondu à un appel pour se mobiliser dans ce bastion progressiste du nord-est des États-Unis contre un rassemblement convoqué en défense de la «liberté d'expression» - une expression devenue symbole de discours anti-politiquement correct, aux relents parfois racistes.

Alors que la tension était montée toute la semaine aux États-Unis, avec un déboulonnage en urgence de monuments confédérés perçus comme des symboles racistes, la police de Boston avait été déployée en force pour séparer les deux camps. Seules quelques dizaines de personnes ont finalement participé au rassemblement auquel avaient promis de se joindre des militants d'extrême droite, selon les images de cette manifestation qui s'est terminée 30 minutes plus tôt que prévu.

En fin de cortège, des manifestants anti-racisme ont eux été violemment repoussés par les policiers, qui les ont chargés en utilisant matraques et équipement anti-émeute, selon un photographe de l'AFP. Mais ces accrochages n'ont pas atteint le niveau de violence survenues à Charlottesville, où un sympathisant néo-nazi a tué une jeune femme et blessé 19 personnes en fonçant en voiture dans la foule.

Le président Donald Trump, fortement critiqué y compris dans son camp pour ne pas avoir dénoncé clairement l'extrême droite après Charlottesville, a réagi sur un ton conciliant: «Je veux saluer les nombreux manifestants de Boston qui s'expriment contre l'intolérance et la haine. Notre pays sera bientôt rassemblé!».

Toujours sur Twitter, il a ensuite salué le travail du maire démocrate de Boston, Marty Walsh, qui s'était clairement positionné du côté des manifestants anti-racisme.

«Distraction politique» 

Après l'une des semaines les plus désastreuses de sa courte présidence, Donald Trump se trouve retranché dans un isolement croissant.

Déclarations outrées de ténors de son propre parti républicain, vague de défections dans ses cénacles économiques et camouflets de grands noms de la culture: le profond malaise persiste autour des propos ambigus du président américain.

Dernière conséquence en date de ses déclarations controversées, Donald Trump a annoncé samedi qu'il bouderait la remise de prix à la culture la plus prestigieuse de Washington - les Honneurs du Kennedy Center -  afin d'éviter une «distraction politique» après les défections annoncées de plusieurs lauréats.

C'est le «discours alimentant la division» de l'administration Trump qu'avait cité jeudi une lauréate, la chorégraphe américaine Carmen de Lavallade, pour décliner l'invitation à une réception de la Maison-Blanche traditionnellement organisée le jour de la cérémonie, en décembre.

Avant elle, le réalisateur Norman Lear avait prévenu qu'il ne s'y rendrait pas non plus. Echaudé par «les controverses», le chanteur Lionel Richie, autre lauréat, a lui expliqué cette semaine qu'il réservait encore sa décision.

Bannon, «voix intelligente»

Ce n'est pas la première grande tradition de Washington que Donald Trump décide de bouder. Il avait déjà évité en avril le dîner annuel des correspondants qui réunit le gratin de la presse et du monde politique américain.

Des décisions qui ne sont pas pour déplaire à sa base, gourmande de ces prises de distance vis-à-vis d'un establishment maintes fois dénoncé pendant sa campagne électorale.

Loin de marquer une pause dans l'avalanche de rebondissements qui déferlent sur Washington depuis son arrivée à la Maison-Blanche le 20 janvier, les «vacances studieuses» de Donald Trump dans le New Jersey et à New York ont été secouées par la polémique et les annonces surprises.

Au lendemain du limogeage de Steve Bannon, son sulfureux «conseiller stratégique», le président américain lui a rendu un hommage qui lui a surtout donné l'occasion de décocher une flèche ironique vers sa cible préférée: les journalistes.

«Steve Bannon sera une voix solide et intelligente chez @BreitbartNews... peut-être même meilleure que jamais auparavant. Les Faux Médias (Fake News) ont besoin de cette concurrence».