Le président américain Donald Trump est dans une position difficile après sa virulente sortie sur Charlottesville, qui suscite un profond malaise dans son camp politique et aussi dans les milieux d'affaires.

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Fait rarissime, ses deux prédécesseurs républicains encore en vie, George H.W. Bush et son fils George W. Bush, ont diffusé un communiqué commun appelant l'Amérique à «toujours rejeter le racisme, l'antisémitisme et la haine sous toutes ses formes».

Sans citer le 45e président, les 41e et 43e ont rappelé les mots de Thomas Jefferson, principal auteur de la Déclaration d'indépendance: «Tous les hommes sont créés égaux».

En renvoyant dos à dos les groupuscules suprémacistes blancs - dont un sympathisant a tué une jeune femme samedi à Charlottesville - et les contre-manifestants anti-racistes, M. Trump a franchi un cap.

Les propos qu'il a tenus dans le hall de la Trump Tower, salués par l'ex-leader du Ku Klux Klan David Duke, ont laissé nombre d'élus sans voix.

«Profond désaccord» 

Confronté à une vague de démissions de chefs d'entreprise en désaccord avec ses propos, M. Trump a annoncé la dissolution de deux des instances l'entourant pour le conseiller en matière de politique économique.

Dans un communiqué, les membres du Forum de stratégie et de politique ont expliqué que «le débat autour de la participation» à ce cénacle risquait de brouiller leur travail, précisant avoir pris la décision de le dissoudre de concert avec le président.

Le PDG de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, qui y participait, a indiqué dans un message à ses employés que les membres s'étaient «entendus pour se dissoudre». «Je suis en profond désaccord avec la réaction du président Trump face aux événements des derniers jours à Charlottesville», a-t-il déclaré.

Signe d'embarras dans son camp politique, les républicains ne se bousculaient pas pour défendre l'ancien magnat de l'immobilier.

Le procureur général des États-Unis Jeff Sessions et le secrétaire d'État Rex Tillerson ont l'un et l'autre condamné en termes généraux le racisme et la haine.

«Nous ne pouvons en aucun cas accepter ou excuser le racisme, l'intolérance, la haine, la violence et ce genre de choses qui se manifestent trop souvent dans notre pays», a déclaré M. Sessions.

M. Tillerson a lui aussi évoqué «les récentes événements de Virginie et notre condamnation de ce genre de haine et de violence». «Il n'y a pas de place pour cela dans notre discours public», a-t-il dit.

Ronna Romney McDaniel, présidente du Comité national du parti républicain, s'est démarquée des dernières déclarations de M. Trump. «À Charlottesville, les torts sont clairement du côté du KKK et des suprémacistes blancs», a-t-elle dit sur ABC.

Et le sénateur Lindsey Graham s'est inquiété que «le parti de Lincoln offre un siège accueillant aux David Duke de ce monde».

Lors d'une conférence de presse improvisée à la Trump Tower, M. Trump a une nouvelle fois condamné le racisme et l'intolérance. Mais il a choqué en déclarant qu'il y avait eu des gens «très bien» des deux côtés à Charlottesville et que la responsabilité des violences survenues dans cette ville était à rechercher non seulement chez les militants d'extrême droite mais aussi chez les contre-manifestants.

AP

David Duke lors du rallye Unite the Right, samedi, à Charlottesville.

Tweet d'Obama plébiscité

Rentré dans son club de golf de Bedminster mercredi après-midi, M. Trump doit se rendre vendredi à Camp David, où il réunira son équipe de sécurité nationale, au moment où l'exécutif s'apprête à trancher sur le niveau des troupes américaines en Afghanistan.

Samedi, peu après les violences, il avait provoqué une première vague d'indignation en refusant de condamner explicitement les groupuscules dont est issu le militant néofasciste ayant projeté sa voiture contre des manifestants.

Barack Obama avait réagi dès dimanche en tweetant une phrase de Nelson Mandela : «Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau ou de ses origines, ou de sa religion», tweet devenu le plus aimé de l'histoire du réseau social.

Dans son éditorial, le New York Times déplorait le comportement de M. Trump.

Soulignant les espoirs qui avaient été placés par nombre d'élus dans la nomination récente de John Kelly, un ancien général des Marines, au poste de secrétaire général de la Maison-Blanche, le quotidien ajoutait: «Le coeur du problème n'est pas lié à la composition de l'équipe présentielle: il est lié l'homme qui est au sommet».