Un homme de 60 ans a été inculpé lundi par la justice américaine pour avoir acheminé des étrangers en situation irrégulière alors que 10 migrants clandestins ont trouvé la mort dans la remorque surchauffée de son camion.

Huit personnes ont été retrouvées mortes dimanche peu après minuit dans cette remorque, garée sur un stationnement de supermarché de San Antonio, à deux heures de la frontière mexicaine.

Trente autres ont été hospitalisées, et deux d'entre elles sont décédées à l'hôpital.

Une autre personne a été retrouvée en vie dans des bois adjacents.

Plus d'une quinzaine de blessés - dont deux enfants - sont dans un état critique et souffrent de coup de chaleur et de déshydratation.

Le conducteur, James Matthew Bradley fils, originaire de Floride, a été inculpé par un procureur fédéral dans cette affaire à laquelle pourrait être mêlé le cartel de la drogue mexicain des Zetas. Selon la loi fédérale, ce crime est passable de la prison à perpétuité ou de la peine de mort.

L'alerte a été donnée quand un des clandestins a demandé de l'eau à un employé sur le stationnement où était garé le camion, tôt dans la nuit dimanche.

L'employé a apporté de l'eau et a appelé la police, qui a fait cette macabre découverte : 38 personnes parquées dans la remorque d'un camion, sans climatisation, dans la fournaise estivale texane.

Les services d'immigration pensent qu'une centaine de personnes se trouvaient dans la remorque de ce camion, où la température peut avoir atteint 65 degrés Celsius, et que la plupart d'entre elles se sont échappées.

« Un trou dans la remorque »

Selon le compte-rendu qu'a fait un témoin aux autorités, certains d'entre eux sont entrés dans six VUS noirs qui attendaient le camion sur le stationnement.

La plainte déposée par les autorités devant le tribunal fédéral fait état de conditions de voyage épouvantables pour ces migrants : difficultés à respirer, évanouissements, etc.

« Les gens ont frappé sur le mur du camion et ont fait du bruit pour attirer l'attention du chauffeur. Il ne s'est jamais arrêté », a témoigné un migrant, uniquement identifié par les initiales J.M.M-J.

« Il y avait un trou dans la remorque, les gens se relayaient à tour de rôle pour y respirer », a-t-il ajouté.

J.M.M-J est un Mexicain qui voyageait avec un groupe de 28 autres personnes pour entrer en cachette aux États-Unis. Ils ont été mis dans la remorque de ce camion, où se trouvaient déjà 70 migrants.

Selon le témoignage de J.M.M-J, son passeur lui a signalé que « des gens liés aux Zetas » faisaient traverser la frontière américaine aux clandestins.

Une fois arrivé aux États-Unis, J.M.M-J devait payer 5500 dollars.

Le conducteur a été retrouvé par la police dans la cabine de son camion. Il a expliqué ne pas avoir remarqué qu'il transportait une centaine de personnes dans sa remorque jusqu'à ce qu'il s'arrête sur le stationnement du supermarché. C'est alors qu'il a remarqué « des bruits et de l'agitation », selon le procureur.

L'homme de 60 ans s'est défendu en expliquant qu'il conduisait son camion depuis l'Iowa vers le Texas, et qu'il avait essayé d'aider les personnes retenues dans sa remorque quand il les a découvertes. Il n'a cependant pas appelé le service d'urgence.

Les noms et nationalités des victimes n'ont pas été rendus publics. On ne sait également pas combien de temps ils sont restés dans ce camion.

PHOTO RAY WHITEHOUSE, REUTERS

La remorque surchauffée était garée sur un stationnement de supermarché de San Antonio.