Il y a six mois exactement jeudi, Donald Trump accédait au pouvoir. Les élus de son camp espèrent tourner la page d'un début de mandat relativement infructueux et sauver leur majorité en votant dans les six prochains mois une énorme baisse d'impôts.

Depuis le 20 janvier, le président a promulgué 14 abrogations de réglementations de l'ère Obama, notamment dans le domaine environnemental, et il a réussi à faire confirmer par le Sénat un juge conservateur à la Cour suprême, Neil Gorsuch. Il a aussi signé quantité de décrets, usant à plein de ses pouvoirs exécutifs.

«Ce que nous avons fait durant cette courte période, et ce que nous allons faire dans les six prochains mois, sera incroyable», a dit le milliardaire.

Mais aucune grande loi n'est inscrite à son bilan. Ainsi l'abrogation de la loi sur l'assurance maladie de Barack Obama, tant promise, bute sur une scission de la majorité républicaine. Malgré les pressions du président, les parlementaires sont impatients de passer à autre chose.

«Il me semble que la législature dure deux ans», a fait valoir Mitch McConnell, chef républicain du Sénat. Il n'entend pas s'enliser au-delà de la pause estivale dans ce dossier miné: «Nous allons nous attaquer à la réforme de la fiscalité et aux infrastructures. Il reste beaucoup à faire».

«La réforme des aides sociales et de la fiscalité sont les deux grands chantiers restants pour finir l'année, ainsi que les infrastructures», a annoncé Paul Ryan, président républicain de la Chambre des représentants. «On avance à grands pas, même si l'Amérique, quand elle allume sa télé, n'entend parler que de la Russie (...) ou des tweets de Trump».

Réussir 2017...

Sur la fiscalité, Donald Trump a proposé en avril - peu avant l'échéance des 100 jours - une baisse d'impôts historique. Il veut réduire l'impôt sur les sociétés de 35 à 15%, un taux qui fait l'objet de discussions.

Mais la tâche est herculéenne par sa complexité et les sommes en jeu. La majorité est loin d'être unie. Comment compenser la perte de recettes ? Sur ce point, le président n'a pas établi de principes clairs.

L'autre promesse concerne les infrastructures et la situation est encore plus vague. Le candidat Trump avait promis «1000 milliards de dollars» d'investissements. L'idée intéresse l'opposition démocrate. Mais au Congrès, où le budget 2018 est en discussion cet été, personne n'en parle encore concrètement.

Pour les républicains, réussir ces deux réformes est une question de crédibilité, car c'est la première fois depuis 2006 qu'ils contrôlent les deux chambres du Congrès et la Maison-Blanche.

... et 2020

Historiquement, les deux premières années du mandat sont les plus propices aux grandes réformes, avant les élections législatives dites de mi-mandat, en l'occurrence en novembre 2018. Ce sera un prélude à la présidentielle de 2020, à laquelle Donald Trump semble déterminé à se représenter.

Ronald Reagan a fait adopter en 100 jours la quasi-totalité de son programme. Barack Obama a fait passer un plan de relance de l'économie en 2009, puis ses réformes du système de santé et du système financier en 2010.

Mais les débuts de «l'outsider» Trump ont mis à nu les problèmes d'organisation de l'administration. Donald Trump n'a pas non plus démontré l'habileté d'un Clinton ou d'un Reagan, qui ont su négocier avec des Congrès contrôlés par leurs adversaires.

«Même l'adoption d'une réforme fiscale ne pourra pas changer l'impression qu'ont acquis les gens sur sa compétence ou son administration», affirme Steve Gillon, historien à l'Université de l'Oklahoma.

Il est vrai, tempère Peter Kastor, professeur d'histoire à l'Université Washington à St. Louis, que Donald Trump n'a pas pu s'appuyer sur une grande crise sécuritaire (comme le 11-Septembre pour George W. Bush) ou économique (la crise financière pour Obama) pour «vendre» une grande réforme au pays et doper sa légitimité.

Quoi qu'il en soit, souligne cet historien, «de nombreux facteurs qui empêchent un président de réussir deux mandats sont déjà en place pour Donald Trump»: le scandale autour des soupçons de collusion avec la Russie, et son âge déjà avancé, 71 ans.

«La seule chose qui pourrait sauver Trump serait un événement international majeur, ou un attentat terroriste majeur», conclut Steve Gillon. «Mais bien sûr personne ne le souhaite».

Où en sont les promesses de campagne?

Donald Trump est devenu le 20 janvier président des États-Unis, après avoir multiplié les promesses lors d'une campagne électorale éprouvante. Six mois plus tard, qu'a-t-il fait concernant ses principaux engagements?

Mur frontalier avec le Mexique

Le 25 janvier, M. Trump a signé un décret pour lancer le projet de construction d'un mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, sa promesse la plus emblématique.

Mais ce projet est contrarié par le refus du Mexique de payer cette construction et par la réticence du Congrès américain à la perspective de financer ce mur qui pourrait coûter 20 milliards de dollars, selon plusieurs estimations.

Statut: promesse brisée

Quitter l'accord de Paris sur le climat

Donald Trump a annoncé le 1er juin le retrait des États-Unis de l'accord de Paris, conclu par 195 pays en 2015, et son intention de chercher «un nouvel accord» mondial sur le changement climatique.

Soulignant avoir été «élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris», le milliardaire a qualifié cet accord de «très injuste» pour son pays puisqu'il permettrait, selon lui, aux autres nations de prendre un avantage sur l'industrie américaine.

Mais, à cause des termes du texte, Washington ne pourra se retirer avant novembre 2020.

Statut: tenue

Abroger et remplacer Obamacare

Le 45e président des États-Unis a promis d'abroger et de remplacer l'«Affordable Care Act» --loi de 2010 surnommée Obamacare-- dans les 100 premiers jours de sa présidence.

Mais le Sénat, pourtant à majorité républicaine, n'est pas parvenu après déjà moult rebondissements à récolter cette semaine le nombre de voix nécessaires à l'adoption de la réforme du système de santé.

M. Trump compte désormais «laisser Obamacare s'écrouler» puis revenir à la charge avec un nouveau projet de loi.

Statut: brisée

Nommer un juge conservateur à la Cour suprême

Il a promis en campagne de nommer un juge conservateur à la Cour suprême pour remplacer Antonin Scalia, grande figure conservatrice décédée en février 2016.

Neil Gorsuch, juge d'une cour d'appel fédérale âgé de 49 ans, a été choisi par le président et sa nomination a été confirmée par le Sénat.

Statut: tenue

Interdire aux musulmans l'entrée aux États-Unis

Le candidat Trump avait créé la polémique en appelant «à l'arrêt total et complet de l'entrée des musulmans aux États-Unis».

Ses efforts pour interdire temporairement l'entrée des ressortissants de six pays à majorité musulmane (Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen) et de tous les réfugiés ont été contrariés par plusieurs décisions de justice.

Cependant, la Cour suprême a autorisé fin juin une entrée en vigueur partielle de son controversé décret anti-immigration: les ressortissants de ces six pays pouvant prouver une «relation valable avec une personne ou une entité aux États-Unis» ne sont plus écartés d'office.

Statut: partiellement tenue

Libre-échange: sortir du TPP, renégocier l'ALENA

Dès sa prise de fonctions, il a retiré Washington du Traité transPacifique (TPP), signé avec onze pays de la région Asie-Pacifique.

Les négociations avec les voisins mexicain et canadien concernant l'ALENA doivent commencer le 16 août.

Statut: tenue

Renégocier l'accord sur le nucléaire iranien

Il s'est engagé à «déchirer» l'accord sur le nucléaire signé en juillet 2015 entre l'Iran et le groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne).

Washington a imposé mardi à Téhéran de nouvelles sanctions juridiques et financières, reprochant notamment à la puissance chiite son programme de missiles balistiques.

Mais les Américains entendent pour l'instant conserver l'accord sur le nucléaire.

Statut: inachevée

Vaincre l'EI

M. Trump a répété à l'envi son intention de défaire le groupe État islamique (EI) et a reçu en février un plan du Pentagone pour l'annihiler.

Depuis, les jihadistes ont été vaincus à Mossoul, en Irak, et sont maintenant encerclés dans leur capitale autoproclamée, Raqqa en Syrie.

Statut: inachevée

Améliorer les relations avec la Russie

Le milliardaire candidat a multiplié les compliments envers le président russe Vladimir Poutine, assurant qu'il améliorerait les relations avec Moscou.

Mais son administration est empêtrée dans l'affaire russe: soupçons de collusion de membres de son équipe de campagne avec des responsables russes et accusations d'ingérences de Moscou dans le processus électoral. Plusieurs enquêtes sont en cours.

Statut: inachevée