L'université américaine de Berkeley a finalement donné son feu vert à la venue de l'ultraconservatrice Ann Coulter, après l'annonce un jour plus tôt qu'un discours prévu la semaine prochaine était annulé pour raisons de sécurité.

La décision intervient après une série d'incidents et de violences à Berkeley liés à des événements politiques ces dernières semaines et plus généralement dans un contexte de montée des tensions autour de la liberté d'expression et de la venue d'intervenants très à droite dans plusieurs universités.

«Cette université est engagée à respecter le premier amendement de la Constitution» américaine, qui défend la liberté d'expression, a déclaré le président de l'université, Nicholas Dirks, dans un communiqué.

La faculté californienne, qui a vu naître dans les années 60 le mouvement du «Free Speech», des manifestations étudiantes massives pour demander la liberté de parole politique et académique, a toutefois également «un engagement infaillible envers la sécurité et le bien-être des intervenants qui viennent sur le campus, celle de nos étudiants et autres» employés ou visiteurs, insiste-t-il.

«Dans ce contexte, l'annonce par Mme Coulter qu'elle voulait venir sur le campus le 27 avril sans considération pour le fait que nous n'avions pas de lieu disponible pouvant être protégé à cette date générait de fortes inquiétudes», poursuit-il. Il a notamment relevé que la police locale avait fait état de menaces qui «pourraient poser un grave danger à l'intervenante, au public et à ceux qui veulent manifester pacifiquement contre cet événement».

«Vu nos sérieuses réserves et inquiétudes sur les intentions avancées par Mme Coulter, j'ai demandé à mes employés de chercher au-delà de nos lieux habituels pour de vastes rassemblements et de voir s'il n'y aurait pas un endroit pour cet événement qui pourrait être sécurisé», et ils en ont trouvé un «pour l'après-midi du 2 mai», conclut-il.

Mercredi, Mme Coulter, très marquée à droite et anti-immigration, avait réagi avec colère à l'annulation de sa venue et assuré sur Twitter vouloir malgré tout venir à Berkeley le jour où son discours était prévu, accusant la faculté bénéficiant de «fonds publics» de vouloir la censurer et d'enfreindre sa liberté d'expression.

En février, la très progressiste université californienne avait déjà bloqué la venue du provocateur d'extrême-droite Milo Yiannopoulos, ancien rédacteur en chef du site Breitbart, après de violentes manifestations à l'approche de sa prestation.

Le week-end dernier, Berkeley a été le théâtre d'affrontements entre manifestants pro et anti-Trump, qui ont entraîné l'arrestation d'au moins 21 personnes, d'après le Los Angeles Times.

Cette semaine, l'université d'Auburn en Alabama, dans le sud du pays, avait accueilli contre son gré, après avoir voulu l'interdire pour raison de sécurité, une autre personnalité d'extrême-droite, le partisan de la suprématie blanche Richard Spencer. Sa venue a entraîné des manifestations et trois arrestations, a rapporté la presse américaine.

Par ailleurs, après des mois de discussions, Stanford, autre prestigieuse université californienne, a finalement donné son accord cette semaine à une professeure de droit pour qu'elle puisse utiliser une photo du président américain Donald Trump sur le matériel promotionnel d'une conférence sur les agressions sexuelles.

Les dirigeants de Stanford avaient d'abord bloqué l'utilisation de cette image, affirmant craindre l'apparence d'un parti pris politique, et l'enseignante, Michele Dauber, avait dénoncé un acte de censure.