Le département d'État américain teste de nouvelles règles «originales» pour la couverture médiatique de son chef Rex Tillerson, au moment où le secrétaire d'État voyage en Asie sans la presse accréditée contrairement à l'usage depuis 50 ans.

Depuis sa prise de fonctions le 2 février comme chef de la diplomatie, Rex Tillerson, ancien PDG du pétrolier ExxonMobil, est resté très discret avec seulement trois brèves déclarations publiques. Il n'a pas tenu une seule conférence de presse et ne répond jamais aux questions de journalistes lors de rencontres devant les caméras avec ses homologues étrangers.

En outre, M. Tillerson a provoqué un tollé chez les correspondants diplomatiques américains et étrangers en prenant mardi dans son avion à destination de l'Asie du Nord-Est une seule journaliste d'une publication en ligne considérée comme conservatrice, Independant Journal Review.

L'intéressée n'est pas membre du groupe des grands médias américains et internationaux - dont l'Agence France-Presse - accrédités au département d'État.

Ce groupe d'une quinzaine de reporters voyagent en général à bord du Boeing de l'Air Force mis à disposition du secrétaire d'État, chaque média payant sa place dans l'avion gouvernemental.

Pressé d'expliquer pourquoi le voyage de M. Tillerson au Japon, en Corée du Sud et en Chine du 15 au 19 mars dérogeait à la règle, le porte-parole du département d'État Mark Toner a répondu: «C'est une chance ou une occasion au début d'une nouvelle administration d'examiner des approches hors des sentiers battus, si je puis dire, sur la manière dont nous couvrons le secrétaire» d'État.

«Pour ce voyage, il a été décidé de le faire de manière originale, d'emmener quelqu'un qui ne couvre pas nécessairement le département d'État (...) pour avoir une perspective nouvelle et fraîche», a justifié M. Toner, lequel servait sous l'administration précédente de Barack Obama.

Le porte-parole a assuré que la presse accréditée n'était pas «ostracisée» et que la vingtaine de reporters qui se sont rendus par leurs propres moyens à Tokyo, Séoul et Pékin auraient tout l'accès nécessaire à M. Tillerson.

Mark Toner n'a pas pu dire en revanche si l'expérience serait renouvelée ou si les journalistes accrédités accompagneraient le secrétaire d'État la prochaine fois à l'étranger, comme c'est le cas depuis la fin des années 1960 pour des raisons de «transparence» et d'«information au public», notamment avec les ministres Colin Powell (2001-2005), Condoleezza Rice (2005-2009), Hillary Clinton (2009-2013) et John Kerry (2013-2017).

L'association des correspondants du département d'État s'est déclarée «déçue» et a demandé à ce que le ministère «réponde rapidement à (ses) inquiétudes».