Jamais depuis 40 ans un président américain n'avait pris le pouvoir avec un niveau d'impopularité aussi élevé que Donald Trump, mais les Américains font confiance au milliardaire dans au moins un domaine: créer des emplois.

Depuis son élection en novembre, les annonces plus ou moins précises de grands groupes sur l'ouverture d'usines ou la création d'emplois sur le territoire américain se succèdent: Carrier, Ford, Fiat-Chrysler, SoftBank/Sprint, Walmart, et surtout Amazon qui a promis 100 000 nouveaux emplois...

Mardi, le constructeur automobile américain General Motors a rejoint le mouvement en annonçant un plan d'investissement d'un milliard de dollars et la création de jusqu'à 5000 emplois aux États-Unis.

Le groupe d'agrochimie allemand Bayer lui a emboîté le pas avec la promesse de créer 3000 emplois aux États-Unis et de conserver les quelque 9000 de Monsanto qu'il s'apprête à racheter.

«Merci à General Motors et Walmart d'avoir lancé le grand retour des emplois aux États-Unis !» s'est immédiatement félicité Donald Trump sur son compte Twitter.

Pour 61% des Américains, selon un sondage CNN paru mardi, il est probable que le 45e président réussira à créer des emplois dans les régions sinistrées du pays.

La même proportion s'attend à ce qu'il fasse un excellent ou bon travail dans le domaine économique, selon une autre enquête pour la chaîne ABC et le Washington Post.

Mais cette confiance dissimule une défiance générale à l'égard du successeur de Barack Obama.

Avec 40% d'opinions favorables, Donald Trump est deux fois moins populaire que Barack Obama en janvier 2009, et moins populaire que Jimmy Carter, Ronald Reagan, George H. W. Bush, Bill Clinton et George W. Bush à leurs prises de fonctions, selon le sondage ABC/Washington Post, qui confirme la tendance d'autres enquêtes d'opinion publiées récemment.

«Les sondages sont truqués»

À trois jours de sa prestation de serment à Washington, la publication de ces chiffres a agacé le prochain occupant de la Maison-Blanche.

«Les mêmes gens qui faisaient les sondages bidon pour les élections, et ont eu tout faux, font maintenant des sondages de popularité. Ils sont truqués, comme avant», a-t-il commenté sur Twitter.

En réalité, les sondages nationaux réalisés avant l'élection n'avaient que quelques points d'écart avec le résultat final du scrutin (ils prévoyaient 3,3 points d'avance pour Hillary Clinton, qui a finalement obtenu 2,1 points d'avance au suffrage populaire), mais les sondages par État se sont trompés.

Le milliardaire républicain devait quitter sa tour de New York pendant quelques heures mardi pour dîner dans la capitale fédérale, où les préparatifs de la cérémonie d'investiture avancent à bon train.

Le comité d'organisation a annoncé que Donald Trump prêterait serment sur sa Bible personnelle ainsi que sur celle d'Abraham Lincoln, utilisée en 2013 par Barack Obama.

Des centaines de toilettes portables et des kilomètres de barrières ont commencé à être installées autour de l'axe stratégique entre la Maison-Blanche et le Capitole, où Donald Trump prêtera serment vendredi à midi, en plein air devant des centaines de milliers de personnes rassemblées sur l'immense parc du National Mall.

«Activité frénétique»

Une partie des 28 000 membres des forces de l'ordre qui assureront la sécurité de l'événement étaient déjà visibles dans les rues. Ils auront pour tâche d'encadrer les milliers de manifestants qui déferleront sur Washington vendredi et samedi.

Il n'est pas rare que des manifestants occupent la rue pendant l'investiture d'un président. George W. Bush avait notamment été ciblé en 2005 par des manifestants contre la guerre en Irak après sa réélection.

Cette année, au moins une quarantaine de parlementaires démocrates prévoient de boycotter la cérémonie pour soutenir John Lewis, élu noir de Géorgie de 76 ans et héros de la lutte pour les droits civiques en conflit ouvert avec Donald Trump, qu'il a qualifié de président «illégitime».

«Nous préférerions que tout le Congrès participe, mais si des élus ne viennent pas, cela libérera de très bons sièges pour d'autres gens», a commenté Sean Spicer, futur porte-parole de la Maison-Blanche.

Le communicant a donné une ébauche de l'agenda du président Trump dans ses premiers jours. Il signera quelques ordonnances ou décrets dès vendredi, une journée qui sera aussi dominée par des actes protocolaires. Le week-end sera calme, et il faudra s'attendre à une «activité frénétique» lundi, véritable début de l'ère Trump avec de premières décisions sur «les grands sujets».

Barack Obama de son côté donnera sa dernière conférence de presse mercredi à la Maison-Blanche et s'envolera vendredi pour Palm Springs, dans le sud de la Californie, pour des vacances en famille, juste après avoir assisté à la prestation de serment de Donald Trump.