Donald Trump a estimé mercredi que la façon dont il était traité était digne de « l'Allemagne nazie », suite à des accusations - non confirmées - que les services russes avaient collecté des documents compromettants sur le président désigné américain.

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Les services de renseignement n'auraient jamais dû permettre cette fausse nouvelle d'être dévoilée au public. Un dernier coup porté contre moi. Vivons-nous en Allemagne nazie ?», s'est emporté le président désigné sur Twitter.

« La Russie n'a jamais tenté de faire pression sur moi. JE N'AI RIEN À VOIR AVEC LA RUSSIE. PAS DE CONTRAT. PAS DE PRÊTS. RIEN DU TOUT! », a réaffirmé M. Trump sur Twitter à quelques heures seulement de sa première conférence de presse depuis son élection le 8 novembre.

Le Kremlin assure ne pas posséder de « kompromat » (dossiers compromettants) sur Donald Trump ni même sur sa rivale à la présidentielle, la démocrate Hillary Clinton. 

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«La fabrication de tels mensonges est une tentative évidente de faire du tort à nos relations bilatérales» avant l'investiture de M. Trump, favorable à un rapprochement avec Moscou, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Une réaction russe qui a déclenché la série de tweets du président désigné, qui prend ses fonctions le 20 janvier: « La Russie vient juste de dire que le rapport non vérifié payé par des opposants politiques est "une fabrication complète, une absurdité totale" ».

Dans un quatrième tweet en moins de 20 minutes, M. Trump a relevé qu'il avait « remporté une élection aisément, un grand "mouvement" est confirmé, et des opposants crapuleux essaient de minimiser notre victoire avec de FAUSSES INFORMATIONS. Un triste état ».

Ces développements devraient occuper une partie de la conférence de presse que Donald Trump doit tenir mercredi matin à New York, sa première depuis son élection.

Quelques heures plus tôt, le président désigné des États-Unis avait déjà réagi de manière lapidaire sur son réseau social préféré aux informations de la presse américaine: «Fausses informations - une chasse aux sorcières totale!».

Le président sortant Barack Obama a dit de son côté sur la chaîne NBC qu'il ne «commentait pas les informations classifiées».

Des médias américains ont rapporté mardi l'existence d'un document de 35 pages, composé d'une série de notes datées de juin à décembre 2016 et rédigées par un ancien agent du renseignement britannique, jugé crédible par le renseignement américain, pour le compte d'opposants politiques à Donald Trump.

Les notes évoquent notamment des échanges supposés de renseignements pendant plusieurs années entre Donald Trump, ses proches et le Kremlin.

Le document fait aussi état d'une vidéo à caractère sexuel montrant Donald Trump avec des prostituées, filmée clandestinement lors d'une visite à Moscou en 2013 par les services russes dans le but d'en faire un moyen de chantage.

Selon ces médias, dont CNN et le New York Times, les chefs du renseignement américain ont présenté au président désigné un résumé de deux pages de ce document, en même temps qu'ils lui détaillaient leur rapport, partiellement déclassifié vendredi, récapitulant l'ensemble des opérations russes de piratage informatique et de désinformation.

Le fait que ce résumé ait été présenté à Donald Trump, Barack Obama et plusieurs responsables du Congrès souligne l'importance accordée à ces documents par les chefs-espions.

Mais Reince Priebus, futur secrétaire général de la Maison-Blanche, a démenti mercredi sur NBC que M. Trump ait été informé vendredi lors de la réunion, à laquelle lui-même était présent.

« Des articles indiquent que la Russie pourrait avoir des informations sur M. Trump. Et ils pourraient les utiliser pour compromettre notre présidence », a déclaré mercredi le sénateur démocrate Ben Cardin.

Chantage

Les 35 pages ont été publiées mardi par le site d'information BuzzFeed, qui a cependant précisé qu'il n'était pas en mesure de les authentifier. Leur contenu n'a pas plus été certifié par des sources officielles. Les notes, qui circulaient parmi les milieux politiques et médiatiques à Washington depuis plusieurs semaines, détaillent notamment:

- des informations présentées comme compromettantes sur Donald Trump, comme l'existence alléguée d'une vidéo à caractère sexuel impliquant des prostituées, filmée clandestinement lors d'une visite à Moscou en 2013 par les services russes dans le but d'en faire un moyen de chantage;

- des informations sur des échanges de renseignements supposés pendant plusieurs années entre Donald Trump, ses proches et le Kremlin, dans les deux directions.

«Ce ne sont que des sources anonymes», a rejeté sur NBC Kellyanne Conway, conseillère du républicain.

Michael Cohen, avocat du milliardaire et vice-président de l'organisation familiale, a rejeté les notes qui évoquent à plusieurs reprises et de façon détaillée un voyage de lui-même à Prague fin août ou début septembre pour y rencontrer des interlocuteurs russes. «Je ne suis jamais allé à Prague de ma vie», s'est-il défendu sur Twitter.



«Explosif»

Ces informations, malgré les zones d'ombre, ont provoqué le trouble à Washington, et notamment au Congrès.

«Si ces allégations d'une coordination entre la campagne de Trump et des agents russes sont avérées, et les allégations selon lesquelles les Russes ont compromis l'indépendance du président désigné Trump, ce serait vraiment choquant. Ce serait explosif», a réagi sur CNN le sénateur démocrate Chris Coons.

L'existence de liens entre l'entourage de Donald Trump et le pouvoir russe avait déjà fait l'objet de rumeurs pendant la campagne électorale, notamment via le rôle trouble d'un conseiller en politique étrangère proche de Moscou, Carter Page.

L'ex-chef de file des sénateurs démocrates, Harry Reid, qui avait accès à des informations classées secrètes, s'en était publiquement alarmé à mots couverts auprès du directeur du FBI en août et en octobre, exigeant le lancement d'une enquête.

Inimitié personnelle

Mardi, le directeur du FBI, James Comey, interrogé au Congrès, n'a ni confirmé ni démenti l'existence d'une telle enquête.

Le consensus des services de renseignement américain est que Vladimir Poutine a ordonné une campagne d'influence aux États-Unis en piratant notamment des courriels de responsables démocrates afin de discréditer Hillary Clinton, envers qui il nourrirait une inimitié personnelle depuis qu'elle a été chef de la diplomatie américaine (2009-2013), et afin de doper les chances de Donald Trump.

Le successeur de Barack Obama, élu en novembre, a longtemps refusé d'accepter la conclusion de l'administration actuelle sur l'ingérence russe.

Après avoir reçu le rapport des services de renseignement vendredi dernier, il a admis que la Russie, parmi d'autres acteurs étatiques et privés, avait lancé des cyberattaques aux États-Unis, notamment contre le parti démocrate.

Moscou a toujours démenti ces accusations d'interférence qu'elle qualifie d'«hystérie» et «non étayée par la moindre information ni preuve».

Ces développements devraient occuper une partie de la conférence de presse que Donald Trump doit tenir mercredi matin à New York, sa première depuis son élection.