La production dans une prison du Texas de dizaines de milliers de casques militaires en kevlar pour le ministère américain de la Défense s'est entourée de nombreuses irrégularités et défauts de fabrication, dénonce mercredi un rapport officiel.

Ces «problèmes endémiques de fabrication» dans la centrale pénitentiaire de Beaumont ont résulté en de graves ratés sur le plan de la résistance balistique de ces équipements, en raison notamment de l'emploi de matériaux interdits ou dégradés, constate le bureau d'inspection du ministère de la Justice.

Le rapport publié mercredi souligne également que les défauts des casques étaient masqués sous une couche de peinture, souvent périmée, et que de graves carences du contrôle de qualité ont permis à la situation de perdurer des années.

Les deux modèles de casques fabriqués à Beaumont sont entachés par ces fautes. Fabriqués de 2006 à 2009, 126 052 casques de type ACH ont dû être rappelés, faisant perdre au gouvernement américain plus de 19 millions de dollars.

Sur les quelque 23 000 casques de l'autre modèle, 3000 ont été livrés à l'armée américaine mais non payés à dessein, et le reste de la production a été mise en quarantaine.

Une visite d'inspection surprise des enquêteurs chargés du rapport leur a permis de découvrir aux mains des détenus toute une série d'outils improvisés utilisés dans la fabrication des casques.

Ces outils artisanaux, notamment des hachettes, «étaient susceptibles d'être utilisés comme armes dans la prison et par conséquent mettaient en danger la sécurité du personnel», relève le rapport.

La ligne de production des casques militaires dans la prison de Beaumont a été mise à l'arrêt.

Les autorités américaines ont engagé une procédure de dédommagement à l'encontre d'ArmorSource, la société privée qui avait remporté ces marchés et sous-traité à la prison de Beaumont.

Contactée par l'AFP, l'administration pénitentiaire fédérale a assuré avoir «immédiatement» pris des mesures correctrices concernant la qualité de sa production industrielle. ArmorSource n'a pas de commentaire à faire, a de son côté répondu à l'AFP Paul Garcia, un responsable de l'entreprise.

Enfin, le bureau d'inspection du ministère de la Justice a indiqué ne pas avoir enquêté sur d'éventuelles blessures ou morts de soldats américains causées par les défauts de leur matériel de protection.