Le «grim sleeper», ou «sinistre endormi», tueur en série qui a semé la terreur à Los Angeles pendant deux décennies, a été condamné à mort mercredi pour avoir tué et parfois violé 10 jeunes femmes, dont une adolescente.

Mécanicien et ancien éboueur californien, Lonnie Franklin, 63 ans, qui a écopé de son surnom macabre pour un interlude de 13 ans dans ses assassinats, avait été reconnu coupable le 5 mai de dix chefs d'accusation de meurtre avec préméditation.

Il a aussi été reconnu coupable de tentative de meurtre sur Enietra Washington, qui a survécu à une blessure par balles et à l'éjection d'une voiture qui roulait en 1988.

Les procureurs le suspectent de cinq autres meurtres. De nombreuses photos des femmes disparues avaient été retrouvées chez lui par les enquêteurs qui estiment qu'il pourrait être lié à des dizaines d'autres assassinats.

Le condamné, qui a accueilli mardi le verdict de façon impassible, le regard fixé droit devant lui, va rejoindre le couloir de la mort californien, le plus peuplé des Etats-Unis avec environ 750 condamnés.

La Californie n'a plus procédé à la moindre exécution depuis le moratoire instauré en 2006 en raison de poursuites liées au mode d'injections létales.

Dale Atherton, l'un des avocats de Franklin, a affirmé à l'AFP que le bras de fer juridique était loin d'être terminé.

«Le cas va automatiquement en appel, c'est une particularité de la peine de mort», a-t-il fait valoir, précisant que la simple sélection d'un avocat d'appel prenait parfois des années.

Le cas sera ensuite présenté à un juge d'appel et les parties peuvent ensuite porter le litige devant la Cour suprême.

Peine capitale jamais appliquée 

«Je doute sérieusement (que Franklin) soit jamais exécuté, il est déjà trop vieux» vu la lenteur des procédures, a assuré Dale Atherton, ajoutant que «la peine capitale est une plaisanterie en Californie, tout le monde la veut mais elle n'est jamais exécutée».

Lonnie Franklin avait été arrêté en juillet 2010 à Los Angeles, pour les meurtres présumés de dix femmes, noires comme lui, âgées de 15 à 35 ans, et pour l'essentiel des prostituées.

Les corps de ses victimes étaient généralement retrouvés dans des lieux désaffectés, des poubelles, cachés sous des matelas ou ordures du quartier pauvre de South Los Angeles et de la commune voisine d'Inglewood. Certaines étaient nues ou dévêtues et ont été violées avant d'être abattues au revolver.

Il avait étouffé l'une d'elles en emplissant sa bouche d'un tissu, avait caché le visage d'une autre avec un mouchoir où était inscrit «sida».

Le 6 juin, les jurés d'un tribunal de la métropole californienne où il a commis la plupart de ses crimes avaient estimé qu'il méritait la peine de mort.

Blessures toujours ouvertes 

Avant de rendre sa sentence, la juge Kathleen Kennedy a déclaré aux proches des victimes que cette peine ne leur permettrait sans doute pas de refermer leurs blessures: «Vos proches, votre fille, votre soeur, votre mère, votre amie est toujours partie» pour toujours, même s'ils auront peut-être «un sentiment que Justice» a été rendue.

Elle a ajouté qu'il n'y avait «vraiment rien de présenté par la défense qui aurait pu atténuer» la sentence et que les circonstances aggravantes dans ce dossier méritaient la peine de mort.

Dale Atherton avait enjoint les 12 jurés de recommander la prison à perpétuité pour Franklin, affirmant qu'une peine de mort retarderait le processus de deuil pour les familles des victimes. Il a aussi souligné que la survivante Enietra Washington n'avait pas été en mesure de le reconnaître formellement lors d'une séquence d'identification.

Dans sa plaidoirie finale, la procureure adjointe de Los Angeles Beth Silverman avait à l'inverse affirmé aux jurés que Lonnie Franklin était un «prédateur sexuel» dont l'ADN est le seul qui ait été retrouvé «encore et encore» sur les corps des victimes.

D'après elle, il méritait «de payer le prix ultime».

L'épopée sanglante de ce tueur en série a fait l'objet d'un documentaire de 2014 diffusé sur la chaîne HBO: Tales of the Grim Sleeper, du britannique Nick Broomfield, qui affirmait que la police de Los Angeles n'avait pas enquêté de manière approfondie sur ces crimes car les victimes étaient pour beaucoup des prostituées droguées.