Deux plaintes ont été déposées lundi en Californie par des musulmanes pour discrimination religieuse, dont l'une par une femme qui accuse des policiers de lui avoir enlevé son voile de force après l'avoir arrêtée.

Kirsty Powell et son mari ont été interpellés en voiture par deux policiers alors qu'ils rentraient chez eux en mai dernier, d'après une plainte contre la ville de Long Beach et ses forces de l'ordre.

Mme Powell, une Afro-Américaine, a été arrêtée en lien avec deux procédures judiciaires, dont une affaire de vol à l'étalage en 2002. Elle affirme qu'au poste de police l'un des agents lui a enlevé de force son voile devant d'autres policiers et détenus masculins, affirmant qu'elle n'avait «pas le droit de porter son foulard» et que les policiers avaient «le droit de toucher les femmes».

L'incident a infligé à Mme Powell «une grande honte, humiliation, anxiété et détresse émotionnelle», selon la plainte.

«Les actes des agents de police de Long Beach n'étaient pas nécessaires et représentent une grave atteinte à l'intégrité physique de Mme Powell» et «témoignent de la discrimination face aux femmes voilées», a dénoncé Yalda Satar, avocate de l'association de défense des droits des musulmans CAIR (Council on American-Islamic Relations), qui a déposé la plainte.

La police et municipalité de Long Beach ont déclaré dans un communiqué que les policiers avaient agi conformément au règlement de la police, retirant le voile comme ils retirent d'autres accessoires vestimentaires aux détenus - ceintures, lacets de chaussures ou autres chapeaux - pour leur propre sécurité.

Une autre plainte a été déposée lundi en Californie par un groupe de sept musulmanes, prétendant avoir été chassées le mois dernier d'un café de Laguna Beach, parce que six d'entre elles portaient un foulard. Elles affirment que le 22 avril, les gérants du Urth Caffé leur ont demandé de quitter les lieux en raison d'une forte affluence ce jour-là, le règlement du restaurant limitant à 45 minutes l'occupation d'une table lorsque toutes les tables sont occupées.

La direction de l'établissement a appelé la police quand les femmes ont refusé de partir.

Il est évident que nos clientes ont été visées en raison de leur religion, car «au moment où elles se trouvaient là, il y avait une dizaine de tables libres», a déclaré à l'AFP Dan Stormer, l'avocat des plaignantes.

Le propriétaire du restaurant, Shallom Berkman, n'a pu être joint, mais selon des personnes citées dans la presse locale, il a démenti avoir fait preuve de discrimination à l'égard de ces femmes, soulignant que sa propre épouse était musulmane.

Ces plaintes interviennent au moment où les polices de Los Angeles et de San Francisco sont accusées d'être à l'origine de courriels ou de textos xénophobes et sexistes.

Dimanche, le bras droit du shérif du comté de Los Angeles a démissionné après la publication de courriels qu'il avait envoyés il y a plusieurs années, dans lesquels il relayait des plaisanteries racistes, particulièrement contre des musulmans.

À San Francisco, plusieurs policiers ont dû démissionner ou sont poursuivis pour des textos racistes, homophobes ou sexistes révélés depuis déjà plusieurs années.