La démocratie n'est pas un sport de spectateur, dit souvent Bernie Sanders, candidat aux primaires démocrates contre Hillary Clinton. Comme la candidate, il a déployé dimanche ses contingents de militants dans les rues de l'Iowa avant le lancement des primaires lundi.

Bob Swope, venu du Missouri, et Fergus Wilson, un jeune Australien-Irlandais qui a grandi à Toulouse et débarqué ici le 7 janvier, ont 35 adresses sur leur feuille de route pour les trois premières heures de leur dimanche, dans un quartier ouvrier de Des Moines, la capitale.

Les inscriptions n'ont retenu que des électeurs identifiés comme démocrates ou pro-Sanders: le but est de leur rappeler où se rendre lundi soir pour les «caucus», ces réunions qui font office de primaires ici.

Une femme tatouée ouvre sa porte, méfiante.

«Bonjour je travaille pour la campagne de Bernie et...

- Je n'ai pas le temps pour ça, j'en ai trop marre.

- Ferme la porte!» crie un homme depuis le entrailles de la maison.

Le quartier va être «difficile», grommelle Bob. «C'est comme Scranton ici (ville ouvrière de Pennsylvanie, ndlr), les gens sont désespérés».

Pas de chance à la porte suivante. «Je vote Hillary», dit l'habitant, qui claque la porte.

La prochaine adresse s'annonce délicate, une pancarte «Propriété privée ne pas s'approcher» est accrochée. «Parfois on fait une petite prière», souffle Bob. Personne ne répond, il laisse un tract avec l'adresse du bureau de vote.

Demi-tour devant l'une des rares maisons qui a installé une pancarte pour Hillary Clinton.

Un couple ouvre sa porte: ils sont démocrates et hésitent entre les deux candidats. Eric est syndiqué.

«Bernie a le soutien de tous les grands syndicats», argumente Bob, dans un soliloque un peu long. «Hillary est plus conventionnelle, elle est la femme d'un ancien président...»

«On va peut-être faire un candidat chacun», sourit Eric.

Il y aura 1681 lieux de «caucus» dans l'Iowa lundi, mais le problème est qu'il faut impérativement y arriver avant 19h00. La contrainte explique que la participation tourne historiquement autour de 20%. Un homme explique qu'il devra garder ses enfants et que sa femme travaille le soir. «Vous pouvez l'emmener, et ça ne durera pas si longtemps» argumente Bob, sans effet.

Les deux bénévoles engrangent quelques succès. Un habitant mexicain, résident permanent, demande une pancarte pour installer dans son jardin, et explique que sa fille de 19 ans «adore Bernie».

La campagne d'Hillary Clinton affirme que son organisation de terrain est supérieure, inspirée du maillage créé par Barack Obama en 2008.

«On a des milliers de personnes déjà formées», explique le président de la campagne Clinton, John Podesta, lors d'un passage de la candidate dans un festival de culture noire américaine, samedi.

Télémarketeurs 

Le dimanche matin, on ne fait pas de porte-à-porte chez les républicains, en tout cas dans l'équipe de campagne de Ted Cruz, le sénateur du Texas, qui entend rassembler la droite religieuse lors du vote de lundi.

Pour trouver le candidat, il fallait se rendre à l'église luthérienne de West Des Moines, où il a participé au culte dominical avec plus de 1000 fidèles.

Il a ensuite passé une vingtaine de minutes à serrer des mains, embrasser les bébés et poser pour des selfies.

«Je prie pour que la volonté de Dieu soit exaucée», a-t-il dit en quittant l'église. Prie-t-il aussi pour ses rivaux les plus menaçants, Donald Trump et Marco Rubio?

«Oui», a répondu Ted Cruz. «Le pasteur nous a demandé de prier pour tous nos adversaires. Je prie pour que la bénédiction et la paix de Dieu touchent tous les candidats».

La centaine de militants pro-Cruz s'est donc installée dans le quartier général de la campagne à 13h00, alignés devant des rangées de téléphones. Dans l'après-midi, un prix sera remis à un bénévole qui a personnellement passé plus de 1000 appels. Samedi, 27 000 appels ont été passés depuis ce local.

«Je ne pensais pas que je pourrais soutenir un candidat jusqu'à ce que je rencontre Ted Cruz», dit Nancy Anderson, qui vient depuis le mois d'octobre.

La mère de Ted Cruz et le vice-gouverneur du Texas, Dan Patrick, passent aussi des coups de fil, dans une ambiance de télémarketeur. Le haut responsable explique sa technique: «s'ils sont pour Trump, je leur dis de rester chez eux avec leurs enfants, s'ils sont pour Cruz, je leur dis d'aller voter!»