Le département d'État a mis en ligne lundi un nouveau lot d'environ 5000 messages envoyés ou reçus par Hillary Clinton depuis sa messagerie électronique privée lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine, une affaire qui a empoisonné sa campagne pour la Maison-Blanche.

L'équivalent de 7800 pages de messages, datant pour beaucoup de 2012 et 2013 et expurgés d'informations sensibles ou confidentielles, ont été rendus publics sur un site du département d'État, le septième lot depuis mai.

Au total, 66% de la correspondance transmise pour archivage par Hillary Clinton au département d'État a été publiée. Les messages sont souvent sommaires, la secrétaire d'État écrivant rarement plus que quelques mots.

La période couvre notamment décembre 2012, quand Hillary Clinton subit une commotion cérébrale qui la força au repos pendant plusieurs semaines. Elle reçoit quantité de messages d'encouragement.

La période couvre aussi l'élection présidentielle française de 2012. Un conseiller informel d'Hillary Clinton, Sidney Blumenthal, lui fait parvenir peu après le premier tour une liste de trois contacts auprès du candidat socialiste François Hollande: Patrick Weil, qui «gèrerait tout contact discrètement»; Denis Delbourg; et Pierre Moscovici, «probablement présent dans un gouvernement Hollande, peut-être comme ministre des Affaires étrangères».

«Que faisait-on avant Twitter??» plaisante-t-elle en janvier 2013, après qu'on lui a envoyé une compilation de tweets commentant sa prestation lors d'une audition au Sénat.

«Un ami veut que je fasse une dédicace pour Julia Lewis-Dreyfus pour Veep. Une idée?» demande-t-elle en parlant de l'actrice de la série télévisée Veep, que le conseiller interrogé admet n'avoir jamais regardée.

L'ex-secrétaire d'État a reconnu en mars qu'elle avait exclusivement utilisé une messagerie privée - @clintonemail.com - de 2009 à 2013, délaissant l'adresse gouvernementale malgré les recommandations officielles.

La favorite de l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2016 martèle que c'était légal, mais elle s'est finalement excusée en septembre, face à l'érosion de sa cote de confiance dans l'opinion américaine. Après une audition marathon au Congrès en octobre, elle a semblé reprendre l'avantage face au camp républicain, qui l'accuse d'avoir cherché à se soustraire à l'archivage officiel, et d'avoir échangé des informations secrètes sur un réseau mal protégé des pirates informatiques.

Fin 2014, elle a transmis au département d'État ses communications diplomatiques (55 000 pages imprimées, environ 30 000 messages), à charge aux fonctionnaires de les archiver et de les mettre à disposition du public. Le reste des messages, d'ordre personnel selon elle, a été effacé de son serveur.

Tous les messages devront être publiés avant le 20 janvier 2016, a ordonné un juge saisi par un journaliste de Vice News, une initiative appelée de ses voeux par Hillary Clinton, qui jure la transparence.

Les républicains du Congrès tentent de transformer l'affaire en affaire d'État. Ils s'alarment que certains des messages, envoyés depuis un serveur non protégé par l'État fédéral, aient été rétroactivement classifiés. Mais les critères de classification font l'objet d'un débat, et l'équipe Clinton maintient qu'aucun message n'était alors marqué secret.

Le FBI a lancé une enquête préliminaire pour déterminer d'éventuels risques liés à l'usage du serveur privé.