Les États-Unis se préparent à libérer des milliers de détenus considérés à faible risque de récidive, qui ont bénéficié d'une réduction de leur peine grâce à une loi visant à réduire la surpopulation carcérale.

Cette mesure vise typiquement les petits délinquants et toxicomanes condamnés dans des affaires mineures de drogue.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué dans un communiqué mercredi cette décision des autorités américaines, «offrant un degré de réparation à des personnes qui se sont vu infliger des peines d'une durée disproportionnée pour des infractions non violentes liées aux stupéfiants».

Selon le Washington Post, quelque 6000 prisonniers sortiront autour du 1er novembre, un record historique pour une libération groupée dans le pays.

La plupart passeront par des foyers ou des centres de réinsertion avant d'être lâchés, sous supervision, dans la nature.

Un tiers d'entre eux, immigrants sans titre de séjour, seront conduits dans des centres de rétention administrative, avant d'être expulsés.

Cette loi est la réalisation de l'ancien ministre américain de la Justice Eric Holder, qui s'était fixé comme priorité d'«alléger le fardeau des prisons surchargées» aux États-Unis.

La Commission américaine des peines, chargée d'harmoniser le travail des tribunaux fédéraux et de conseiller l'exécutif et le législatif en matière de politique pénale, avait piloté la réforme, en présentant un amendement au Congrès.

Concrètement, en réduisant les seuils infractionnels de détention de stupéfiants, la Commission a permis à des milliers de petits dealers et toxicomanes d'échapper à l'application automatique de lourdes peines plancher.

La mesure a ensuite bénéficié d'une application rétroactive, avec effet au 1er novembre 2015. Des milliers de petits délinquants incarcérés ont pu demander à en profiter.

Contactée mercredi, la Commission américaine des peines n'a pas confirmé la sortie au 1er novembre de 6000 détenus, mais a livré des informations allant dans ce sens.

«Nous avons reçu des documents des tribunaux sur 17 446 cas dont nous nous sommes occupés jusqu'au 3 août 2015. Sur ce nombre, les tribunaux ont accordé une réduction de peine dans 13 187 cas», a indiqué à l'AFP Matt Osterrieder, un expert de la Commission.

«En juillet 2014, la Commission avait estimé que 7953 délinquants pourraient bénéficier d'une libération immédiate au 1er novembre 2015 et que 8550 autres pourraient être libérés l'année suivante», a-t-il ajouté.

Selon la Commission des peines, plus de 46 000 prisonniers pourraient à plus long terme voir leur peine réduite.

Si la population américaine a augmenté de 30% depuis 1980, la population carcérale a elle bondi de 800% sur la même période.

Résultat, les États-Unis ont un taux d'incarcération record au sein des pays développés et la surcapacité atteint 32% dans les prisons fédérales et même 52% dans les prisons fédérales de haute sécurité.

En juillet, le président américain Barack Obama avait commué les peines de prison de 46 Américains condamnés pour trafic de drogue, en affirmant que les très longues peines de prison qu'ils purgeaient étaient disproportionnées.