La question pourrait devenir un test pour les candidats à la présidentielle américaine: être musulman est-il un motif de disqualification pour la Maison-Blanche? Face à l'ambiguïté de certains républicains, Hillary Clinton a répondu d'un «non» sans équivoque lundi.

«Un musulman peut-il être président des États-Unis d'Amérique? En un mot: oui. Maintenant, passons à autre chose», a écrit Hillary Clinton, candidate aux primaires démocrates, sur Twitter. Et d'ajouter un extrait de l'article quatre de la Constitution, qui stipule qu'«aucune profession de foi religieuse» n'est exigée pour l'exercice d'un mandat.

La démocrate réagissait après qu'un candidat républicain, le chirurgien à la retraite Ben Carson, a mis en doute dimanche la compatibilité de l'islam avec la Constitution américaine.

«Je ne recommanderais pas de mettre un musulman en charge de cette nation. Je ne serais absolument pas d'accord avec ça», a déclaré Ben Carson, l'un des mieux placés dans les sondages des primaires républicaines.

Donald Trump, le milliardaire en tête des intentions de vote parmi l'électorat républicain, avait lancé la controverse jeudi dernier, à son insu dit-il, quand il avait laissé parler un homme dans un rassemblement, sans le reprendre, alors qu'il expliquait que les États-Unis avaient un problème, «les musulmans». L'inconnu avait aussi affirmé que Barack Obama était musulman et n'était pas Américain, une fable entretenue par des réseaux à droite et à laquelle croient une minorité d'Américains.

«Je n'ai jamais eu de problèmes avec les musulmans», s'est défendu lundi Donald Trump sur NBC. «Je croyais qu'il parlait de l'islam radical».

«Les musulmans sont des gens super, j'ai beaucoup d'amis, ce sont de grands amis. Et au fait, ils sont aussi inquiets face à l'islam radical», a-t-il aussi dit.

La veille, Donald Trump avait déclaré que la plupart des musulmans étaient «fabuleux», mais dénoncé le politiquement correct qui l'empêcherait de dire qu'il existait un «problème très grave». Et un président musulman?

«Est-ce que je serais à l'aise? Je ne sais pas si on doit se poser la question maintenant, mais c'est certainement quelque chose qui pourrait arriver», a dit le magnat de l'immobilier.

Plusieurs candidats républicains ont eux refusé de s'engager sur ce terrain.

«La Constitution précise qu'aucune profession de foi religieuse n'est exigée pour un mandat et je suis un constitutionnaliste», a déclaré le sénateur Ted Cruz sur une télévision de l'Iowa.

Les candidats Marco Rubio, Jeb Bush, Chris Christie et Lindsey Graham se sont aussi dits consternés ces derniers jours par ceux qui remettaient en cause la citoyenneté ou la religion chrétienne de Barack Obama. «Cela me fatigue, cela n'a rien à avoir avec l'avenir de ce pays», a dit le sénateur Marco Rubio sur NBC dimanche.