La Chambre des représentants américaine, à majorité républicaine, a adopté vendredi deux mesures antiavortement, qui n'entreront pas en vigueur, mais illustrent la vivacité du combat conservateur contre l'IVG aux États-Unis.

Les élus ont adopté une proposition de loi coupant pour un an les fonds publics à la grande organisation de planification familiale Planned Parenthood, dont des responsables ont été filmés en train de parler du prélèvement de tissus de foetus avortés dans des buts de recherche médicale.

La diffusion de ces vidéos volées a scandalisé la droite américaine, qui a intensifié ses attaques contre le réseau de cliniques. La vente de tissus est interdite, mais leur don à des scientifiques est permise, avec un dédommagement pour les frais encourus.

Les républicains ont ensuite fait adopter une mesure sanctionnant pénalement les médecins qui ne tenteraient pas de sauver tout enfant né vivant à l'issue d'une procédure ratée d'avortement.

La quasi-totalité des démocrates ont voté contre ces deux mesures.

«Ceux qui refusent le droit à la vie aux plus faibles d'entre nous sont du mauvais côté de l'histoire», a déclaré John Boehner, président de la Chambre.

Les 700 cliniques Planned Parenthood dépendent pour 40% des deniers publics pour financer les services médicaux aux populations modestes (contraception, dépistages...), mais les avortements sont financés par des sources privées, une distinction illusoire pour les républicains.

La loi américaine interdit depuis longtemps le financement public des procédures d'avortement, mais les conservateurs, horrifiés par le contenu des vidéos filmées en cachette par les militants antiavortement du Center for Medical Progress, ont sonné l'hallali contre une organisation qu'ils jugent indigne.

Les mesures votées vendredi devraient être bloquées par la minorité démocrate du Sénat, et quoi qu'il arrive, Barack Obama a promis son veto.

«Des millions d'Américains dépendent de Planned Parenthood pour leur contraception, des dépistages de cancer qui sauvent des vies, et d'autres services préventifs, et rien de ce que les politiciens du Congrès ont fait aujourd'hui ne changera le fait que nos portes resteront ouvertes à tous», a réagi Eric Ferrero, directeur de la communication de Planned Parenthood Action Fund.

Le Sénat votera mardi, deux jours avant la venue historique du pape François au Congrès, pour interdire tout avortement au-delà de 20 semaines de grossesse, mais les démocrates devraient également être en mesure de faire échouer le texte.

Le différend sur le droit à l'avortement menace de troubler le début de l'année budgétaire 2016, qui commence le 1er octobre.

Les élus les plus conservateurs refusent de voter les crédits à l'État fédéral si Planned Parenthood n'en est pas exclue, une exigence qui risque de provoquer une impasse, et une éventuelle fermeture partielle des administrations.