Le groupe État islamique et les aspirants républicains à la Maison-Blanche n'ont qu'à bien se tenir. Promettant de vaincre les uns et les autres, Donald Trump a annoncé hier sa candidature à l'élection présidentielle de 2016 dans une atmosphère digne du cirque Barnum&Bailey. Notre journaliste y était. Approchez, Mesdames et Messieurs...

La musique était forte. Très forte. Tellement forte que les gens devaient crier pour s'entendre dans l'atrium de la Trump Tower, où résonnaient les voix amplifiées de chanteurs disparates, de Luciano Pavarotti à Barbra Streisand en passant par Mick Jagger.

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Les VIP, reconnaissables au carton qui leur pendait autour du cou, se saluaient à qui mieux mieux au rez-de-chaussée de la tour clinquante. Certains portaient des habits lustrés qui n'auraient pas juré dans le film Goodfellas.

Les gens ordinaires, entassés derrière des cordons en velours, brandissaient des affiches qui leur avaient été remises à la porte d'entrée avec des t-shirts sur lesquels on pouvait lire le nom du propriétaire des lieux et un slogan patriotique («Rendre à l'Amérique sa grandeur»).

Puis, un peu après 11h, la voix de Neil Young s'est élevée dans l'atrium, entonnant Rockin' in the Free World. Et Donald Trump a fait son apparition sous les cris et les applaudissements des gens ordinaires et des VIP. Précédé de sa femme, il a emprunté un escalier roulant pour descendre à l'étage inférieur, où l'attendaient une centaine de journalistes, dont le représentant d'Inside Edition, une émission télévisée qui préfère habituellement le potinage à la politique.

«Je suis vraiment riche»

La suite n'est plus un mystère. Le magnat de l'immobilier et star de la téléréalité a fait irruption dans la course à la Maison-Blanche de 2016, multipliant les vantardises, les propos incendiaires et les attaques contre ses rivaux républicains et les membres de l'administration démocrate.

«Je serai le plus grand président en matière de création d'emplois que Dieu ait jamais créé», a-t-il déclaré entre des insultes ou des menaces visant la Chine, l'Arabie saoudite et le Mexique, entre autres.

«Ils envoient des gens qui ont beaucoup de problèmes et ils apportent leurs problèmes avec eux», a-t-il déclaré dans sa tirade contre le Mexique. «Ils apportent de la drogue. Ils apportent de la criminalité. Ils sont des violeurs. Et certains d'entre eux sont de bonnes personnes, je suppose.»

Né dans l'arrondissement de Queens il y a 69 ans, Donald Trump a évalué hier sa fortune personnelle à 8,7 milliards de dollars. «Je suis vraiment riche», a-t-il tenu à préciser. Il avait flirté avec une candidature à la présidence en 1988, 2000, 2004 et 2012. Son entrée dans la course à la Maison-Blanche porte à 12 le nombre de candidats qui briguent officiellement l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2016.

Et elle confirme aux yeux de certains Américains la nature clownesque de cette compétition engageant de nombreux candidats qui n'ont aucune chance de l'emporter.

Mais il se trouve aussi des Américains qui prennent Donald Trump au sérieux. Rhoda Harris, une ex-employée de Wall Street, fait partie de ce groupe.

«Il n'y a pas une chose qu'il ait dite avec laquelle je suis en désaccord», a déclaré cette citoyenne de Milburn, au New Jersey, après avoir entendu l'annonce du nouveau candidat. «Il a la sagesse, l'expertise et la chutzpah pour faire bouger les choses», a-t-elle ajouté en utilisant un mot yiddish pour «culot».

Kevin Hale, un autre citoyen du New Jersey, ne s'offusque pas, de son côté, des propos les plus polémiques de Donald Trump.

«Je pense qu'il dit ce que plusieurs Américains ressentent», a déclaré ce responsable des services alimentaires d'une résidence pour personnes âgées. «On se fait avoir sur le plan politique. C'est la vérité.»