Martin O'Malley, 52 ans, se lance dans la course à la présidentielle américaine de 2016. Peu connu, l'ancien homme fort de Baltimore devra se faire un nom chez les démocrates qui n'ont d'yeux que pour la grandissime favorite pour la primaire: Hillary Clinton.

L'ex-gouverneur du Maryland, qui devrait se positionner sur la gauche de l'ancienne Première dame, doit annoncer sa candidature samedi dans son fief de Baltimore, ville dont il fut le maire pendant sept ans et qui se remet à peine de violentes émeutes, soulevant de réelles questions sur son bilan.

Presque inconnu au niveau national, ce passionné de musique, qui n'hésite pas à monter sur scène avec son groupe «O'Malley's March» - à la guitare, au banjo et au chant - met inlassablement en avant sa capacité à attirer les électeurs de «moins de 40 ans».

Tout en se gardant bien d'attaquer directement Hillary Clinton sur son âge (elle a 15 ans de plus que lui), cet homme chaleureux qui arbore toujours un large sourire insiste sur la nécessité de «changer de façon de gouverner».

Son passage à Baltimore, qui fut longtemps sa marque de fabrique, apparaît désormais comme une arme à double tranchant. Les violences qui ont suivi la mort mi-avril d'un jeune Afro-Américain de 25 ans après son interpellation par la police ont jeté un éclairage cru sur les inégalités criantes qui demeurent dans cette ville pourtant en développement.

Face aux images de magasins pillés et de voitures en feu qui ont fait le tour du monde, Martin O'Malley a reconnu que la ville était le lieu «de beaucoup de douleur et de tristesse». Mais il a aussi affiché son intention de défendre son héritage, et de se positionner en homme de terrain, après deux mandats de maire et deux de gouverneur.

«Je n'ai pas autant voyagé que d'autres à travers le monde», expliquait-il au New York Times peu après les violences dans une allusion limpide à Hillary Clinton, qui dirigea la diplomatie américaine pendant quatre ans. «Mais je connais dans les moindres détails le chemin séparant nos idéaux de la réalité, qui en est parfois éloignée».

Si la machine Clinton se grippait

Légalisation du mariage homosexuel, abolition de la peine de mort, hausse du salaire minimum: son bilan à la tête de l'État du Maryland le place en position confortable sur les grands sujets du parti démocrate, dont il courtise l'aile gauche.

Dernier exemple en date: le partenariat trans-Pacifique (TPP), vaste zone de libre-échange avec l'Asie derrière laquelle Barack Obama a mis tout son poids, mais qui suscite de vives réticences dans son propre camp. Prudente, Hillary Clinton a jusqu'ici éludé la question. Martin O'Malley, lui, a clairement affiché son opposition au président, dénonçant sans détour un projet «mauvais pour la classe moyenne».

«Toute la question est de savoir jusqu'où ira sa campagne dans les attaques contre Clinton», estime Amy Walter, responsable du Cook Political Report.

À huit mois du début des primaires, les chiffres sont sévères.

Selon un sondage de Quinnipiac University rendu public jeudi, Martin O'Malley n'est crédité que de... 1 % des intentions de vote parmi les électeurs démocrates, loin derrière Hillary Clinton (57 %), mais aussi le sénateur du Vermont Bernie Sanders (15 %) ou encore le vice-président Joe Biden (9 %), qui n'est pas candidat.

Mais l'ancien gouverneur, marié et père de quatre enfants, rejette avec force l'idée selon laquelle les dés seraient déjà jetés. «L'histoire est pleine d'élections dans lesquelles il y avait un favori incontournable qui l'a été jusqu'au premier véritable test, lorsque nous avons réalisé qu'il n'était plus incontournable», avance-t-il.

Peu d'analystes politiques croient à ce scénario. Mais si la puissante machine Clinton se grippait et que la candidate était contrainte de renoncer pour une raison ou une autre, la donne changerait fondamentalement. Et avec un profil a priori plus rassembleur que celui du seul autre candidat déclaré, Bernie Sanders, nettement plus ancré à gauche, O'Malley pourrait se retrouver catapulté en première ligne du camp démocrate.