Pied de nez à la dictature monarchique? Manque de considération pour la culture locale? Message de soutien aux femmes saoudiennes? La décision de Michelle Obama d'aller rendre hommage au roi Abdallah d'Arabie saoudite cheveux au vent a fait déferler les interprétations contradictoires, hier.

Alors que les Saoudiennes sont tenues de se couvrir la tête en public, Mme Obama est apparue à Riyad non voilée. Sans foulard sur la tête. L'affaire a généré certains commentaires enflammés en Arabie saoudite, en plus de faire jaser toute la planète.

«C'est une question très intéressante. Pour Michelle Obama, le choix était délicat», commente Andrew Cooper, spécialiste de la diplomatie à l'Université de Waterloo.

Pour les Américains

Selon l'expert, c'est finalement la réaction possible des Américains, et non des Saoudiens, qui a poussé Mme Obama à laisser flotter ses cheveux.

«Du point de vue des Obama, il est de loin préférable d'offenser quelques susceptibilités en Arabie saoudite que d'affronter une immense tempête aux États-Unis, dit-il. Et apparaître avec un voile aurait donné des munitions aux républicains, qui auraient dépeint la chose comme un signe de soumission aux normes culturelles et religieuses saoudiennes.»

Symbole d'inégalité

Selon lui, porter un voile aurait paru d'autant plus contradictoire que le jour même de l'arrivée des Obama en Arabie saoudite, le président américain avait prononcé un discours en Inde où il avait défendu le droit des femmes. Or, l'Arabie saoudite est l'un des pays où ces droits sont les plus brimés, et le voile islamique est vu par plusieurs comme un symbole de cette inégalité.

«Tout autre choix aurait été très problématique», croit M. Cooper. Mme Obama avait porté un foulard lors d'un récent voyage en Indonésie. Mais selon M. Cooper, la situation est très différente parce que le pays renvoie une image de l'islam beaucoup plus modérée que l'Arabie saoudite.

L'expert croit peu probable que Mme Obama ait réellement insulté les hauts dignitaires saoudiens. De façon générale, les étrangères ne sont pas strictement obligées de porter le voile en Arabie saoudite. Et d'autres dignitaires étrangères, dont la chancelière allemande Angela Merkel et l'ancienne secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice, ne portaient pas non plus de foulard au même événement.

Sur Twitter, on a quand même relevé quelques réactions enflammées.

«On peut présumer que ce sera repris non seulement en Arabie saoudite, mais aussi dans d'autres régions où sévissent les extrémistes, par exemple dans les bastions du groupe armé État islamique», dit Andrew Cooper.