Sur le point de partir en vacances, le Congrès américain n'avait toujours pas voté jeudi l'enveloppe d'urgence réclamée par Barack Obama pour gérer l'afflux de milliers de mineurs clandestins à la frontière mexicaine, une crise humanitaire devenue hyper partisane.

Dans un effort de dernière minute, les républicains qui contrôlent la Chambre des représentants ont toutefois repoussé le début de leurs congés de cinq semaines, initialement prévu jeudi soir, et programmé une réunion de groupe vendredi matin pour tenter de programmer un vote, afin de répondre à la crise à la frontière.

«Nous resterons jusqu'à ce qu'il y ait un vote», a assuré le représentant Darrell Issa.

Mais l'incertitude régnait sur la capacité du Congrès dans son ensemble, Chambre et Sénat, à adopter rapidement un compromis, tant l'écart des positions restait grand entre républicains et démocrates, qui dominent le Sénat.

Barack Obama avait demandé le 8 juillet au Congrès d'adopter en urgence des crédits supplémentaires de 3,7 milliards de dollars pour renforcer les moyens de la police aux frontières, accélérer les procédures d'expulsions et ajouter des milliers de lits dans les centres de rétention et foyers qui accueillent familles et enfants sans-papiers.

Le chiffre avait fait bondir les parlementaires : il représente l'équivalent du budget annuel des quelque 21 000 policiers assignés à la surveillance des frontières américaines (Border Patrol).

Le Sénat a donc proposé un montant réduit de 2,7 milliards de dollars.

La Chambre, à majorité républicaine, avait prévu de voter une fraction de ce montant (659 millions de dollars), en l'assortissant d'un amendement controversé à une loi de 2008 sur le trafic d'êtres humains. Mais la facture était jugée toujours trop élevée par les élus proches du Tea Party, et les dirigeants républicains tentaient d'élaborer en urgence un nouveau plan afin de les satisfaire.

La loi de 2008 donne aux mineurs qui viennent de pays non frontaliers plus de droits qu'à ceux qui viennent du Mexique, afin qu'ils puissent prouver un éventuel danger. Mais les républicains estiment qu'il s'agit d'une faille où se sont engouffrés les passeurs pour envoyer aux États-Unis des dizaines de milliers de mineurs assurés, selon eux, de recevoir l'asile.

En pratique, tous les enfants ne reçoivent pas l'asile, mais les procédures durent plusieurs années, et en attendant de voir le juge, ils sont remis à des proches aux États-Unis.

Les républicains voudraient pouvoir les expulser plus facilement, ce à quoi s'opposent la plupart des démocrates pour des raisons humanitaires.

Plus de 57 000 mineurs non accompagnés sont arrivés aux États-Unis depuis octobre, plus du double de l'année précédente.