Les États-Unis sont parfois confrontés à de «douloureux dilemmes» quand ils doivent choisir entre la nécessité de défendre leur sécurité et leur volonté de protéger les droits de l'homme, a reconnu mercredi une proche conseillère de Barack Obama.

«Nous faisons parfois face à de douloureux dilemmes quand la nécessité immédiate de défendre notre sécurité nationale va à l'encontre de nos engagements fondamentaux en faveur de la démocratie et des droits de l'homme», a concédé la conseillère de sécurité nationale, Susan Rice, lors d'un discours à Washington sous l'égide de l'ONG Human Rights First.

«Disons-le honnêtement: parfois, nous traitons avec des gouvernements qui ne respectent pas les droits qui nous sont les plus chers», a ajouté Mme Rice. «Nous faisons des choix difficiles. Lorsque les droits sont piétinés, nous continuons à défendre leur protection», a-t-elle assuré.

«Mais nous ne pouvons pas dire qu'il n'existe pas de compromis, et je ne ferai pas semblant de dire que ce n'est pas le cas», a-t-elle ajouté.

Mme Rice a toutefois indiqué que les États-Unis, pour des raisons historiques, devraient toujours centrer leur politique étrangère sur le respect des droits de l'homme et les valeurs démocratiques, évoquant en particulier les droits des femmes, des homosexuels et des minorités ethniques.

Mais elle a aussi prévenu que le devoir d'un président était avant tout de protéger son pays et ses habitants. «La promotion des droits de l'homme n'est pas notre seul intérêt, et ne l'a jamais été», a ajouté Mme Rice: «Nous devons défendre les États-Unis, nos concitoyens et nos alliés avec tous les outils à notre disposition, dont, lorsque c'est nécessaire, la force militaire».

Cette mise au point intervient alors que des organisations de droits de l'homme ont reproché à l'administration Obama de ne pas être assez critique envers la Chine ou la Russie pour ne pas compromettre les relations des États-Unis avec ces grandes puissances.

D'autres organisations ont posé la question de la moralité de la «guerre secrète» des drones menée par les États-Unis contre contre des extrémistes présumés au Pakistan et au Yémen, des bombardements qui ont fait des centaines de victimes civiles selon ces groupes.

Avant Mme Rice, et lors du même événement, des défenseurs des droits de l'Homme avaient justement pressé le gouvernement américain d'être plus cohérent dans son attitude vis-à-vis des régimes autoritaires, en particulier l'Egypte.

Nadine Wahab, de l'Institut des études sur les droits de l'Homme au Caire, a cité en exemple la décision des États-Unis de geler une partie de leur aide militaire à l'Egypte après la destitution par l'armée du président islamiste Mohammed Morsi l'été dernier, un gel qui ne couvre pas les armes légères.

«Lorsque l'on continue à financer des armes qui sont utilisées pour des violations des droits de l'Homme, comme des gaz lacrymogènes et des balles, alors qu'on ne livre plus de F-16, le message qui passe (...) est que les droits de l'Homme n'ont pas d'importance», a-t-elle lancé.

Les États-Unis doivent traiter tous les pays de la même façon, a ajouté Maina Kiai, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit de réunion pacifique et d'association, évoquant les différences d'approche entre l'Egypte et Bahreïn, où se trouve le quartier général de la cinquième flotte de l'US Navy.

«De telles différences de traitement font passer l'idée que les États-Unis choisissent les endroits où ils veulent défendre les droits de l'Homme», a-t-il expliqué.